2022 M06 28
Petit mais collant. Très collant même. Le chewing-gum met en moyenne 5 ans avant de se décomposer dans la nature. Les municipalités ne savent plus quoi faire contre ces mosaïques de gommes sur les trottoirs. En 2015, l’adjoint en charge de la propreté et du traitement des déchets à Paris avouait ainsi son impuissance :
« On ne traite pas le problème des chewing-gums car aucune tentative n’a abouti. »
La dépense en eau chaude à haute pression, en huile de coude et en temps ne vaut pas le résultat. Mais tout le monde n’a pas baissé les bras. Certains voient en nos vieux Malabars une ressource, plutôt qu’un résidu pénible à décoller.
Un déchet planétaire pas si à la gomme que ça
La startup anglaise GumDrop Limited propose de collecter la gomme mâchouillée dans des poubelles spécifiques – en forme de bulle rose, facile à repérer ! – disposées dans les rues. Une fois récupérée, elle est recyclée en un matériau, baptisé Gum-tec ®, pour la production d’objets en plastique ou en caoutchouc. Gobelets, frisbees, lunch-boxes, règles, médiators de guitare ou couvertures de cahiers sont déjà fabriqués en chewing-gum par GumDrop Limited.
En association avec la marque Explicit, la startup britannique a réussi à concevoir une basket fabriquée à 20 % de Gum-tec ®. Certes, ces nouveaux objets ne sont pas biodégradables, mais comme l’explique Anna Bullus (un patronyme qui envoie la gomme !), la fondatrice de GumdDrop, sa démarche vise avant tout à changer notre regard sur le chewing-gum :
« Une grande partie de notre travail consiste à sensibiliser les gens et à les éduquer sur comment bien traiter leurs déchets. »
Nettoyer les rues de façon durable
Après les États-Unis, la France est le deuxième plus grand consommateur de chewing-gums au monde, bien que les ventes s’effondrent depuis quelques années. Des citoyens sont actuellement à l’œuvre pour revaloriser ce déchet de masse : deux élèves de l'École de design Nantes Atlantique ont réussi à fabriquer des roues de skateboard à partir de vieilles gommes à mâcher.
En 2021, l’entreprise KeeNat, spécialisée dans la revalorisation des déchets, a installé dans quatre communes de la métropole bordelaise une vingtaine de poubelles spéciales pour les chewing-gums usés. L’idée est d’amasser de la « matière première » dans le but d’élargir les possibilités de sa recyclabilité, explique Sandrine Poilpré, directrice générale de KeeNat :
« Des scientifiques vont réaliser des tests pour obtenir une nouvelle matière à recycler, autre que le plastique. »
L’expérience doit durer jusqu’en 2024. Espérons que d’ici là les scientifiques sauront comment fabriquer du textile, des meubles, des jouets ou, rêvons un peu, du biocarburant à partir de chewing-gum.