2020 M10 29
5 000 milliards, c’est le nombre de particules de plastiques qui flottent à la surface des mers. Sacs plastiques, bouteilles, bouchons, mais aussi, et c’est moins connu, des filets et déchets qui incombent aux professionnels de la pêche.
Chaque année ce sont environ 640 000 tonnes de filets qui finissent abandonnés en mer, ce qui représente près de 10% de la pollution plastique constatée dans les milieux marins et 70% des gros déchets en plastique qui flottent dans les océans. Ces filets causent chaque année la mort d’environ 136 000 animaux, un phénomène appelé “pêche fantôme”.
Que faire des filets de pêche défectueux ?
La durée de vie d’un filet est d’environ un an. Les mailles des filets en nylon sont en effet fragiles. Passé cette période, la plupart ne peuvent plus être réparés. En France, on compte environ 800 tonnes de ces déchets, filets ou casiers défectueux que les marins pêcheurs rendent sur le port. Quand ils ne sont pas laissés à l’abandon, il sont généralement incinérés ou alors envoyés à l’étranger où le problème des pêcheurs français devient le problème de quelqu’un d’autre.
Il existe des initiatives réglementaires pour apporter une solution à ce problème de pollution des océans, notamment sur le plan Européen. Une filière REP (Responsabilité Élargie des Producteurs) devrait ainsi voir le jour d’ici 2023. Les fabricants de filets auront alors l’obligation de se charger de leur seconde vie.
Mais en attendant, 3 jeunes étudiants bretons ont décidé d’agir concrètement avec l’idée de concevoir des objets design grâce à la récupération de ces déchets. C’est ainsi que la startup Fil & Fab est née.
Créer des objets à partir de plastique recyclé
Étudiants en design à l’école des Beaux-Arts de Brest, Thibaut, Yann et Théo se penchent sur la recyclabilité des filets de pêche lors d’un projet d’étude. Après avoir monté une association, le projet est devenu une entreprise l’année dernière.
Le métier de Fil & Fab, c’est donc de récupérer les filets endommagés laissé par les pêcheurs bretons, de les trier par couleur, puis de les démonter et d’envoyer cette matière dans un centre de recyclage qui va les convertir en granulés de plastique. Cette matière brute va ensuite servir à la conception d’objets : du mobilier urbain, des objets déco ou des objets du quotidien.
Il existe plusieurs applications similaires dans le monde. En Inde, une entreprise fabrique des Paddle et des planches de surf de la même manière. Au chili, une startup revalorise les filets de pêche en planches de skateboard ou en lunettes de soleil.
Pour le moment, la jeune entreprise cherche surtout des filières responsables, qui soient locales et avec des entreprises souhaitant s’inscrire dans une démarche résolument engagée. Elle se rapproche d’une autre initiative - bretonne également - proposée par l’entreprise Mégo!, qui recycle des mégots de cigarette pour en faire du mobilier urbain.
Des projets optimistes qui prouvent que l’économie circulaire peut apporter beaucoup à l’industrie française, et au bien-être de la planète d’une manière générale.