Le grand reporter Christophe Doré devant un orang-outan en Indonésie.

Rencontre avec Christophe Doré, le "magicien" qui agit pour sauver la planète

Christophe Doré a parcouru le monde pendant plus de 20 ans. Dans « La promesse des magiciens », ce grand reporter nous raconte l’histoire de ces femmes et de ces hommes qui agissent partout sur la planète pour préserver la nature. Un livre à contre-courant des discours alarmistes actuels qui montre qu’il est possible de faire bouger les choses.
  • « Si on ne fait rien, on va droit dans le mur ». Une phrase qui ne doit pas vous être inconnue tellement elle est prononcée dans les médias. « Ça fait 20 ans qu’on entend ça, et ça incite à un certain immobilisme, cet effet de sidération qu’on peut avoir en se disant que quoi qu’on fasse, c’est foutu » nous raconte le journaliste Christophe Doré.

    En réponse à ça, ce grand reporter a décidé d’agir, et d’agir concrètement. « Mon métier, c’est de transmettre l’information, c’est là que je suis le plus utile ». Au cours de ses nombreux voyages à travers le monde, il a vu l’impact des actions humaines sur l’environnement, mais il a aussi rencontré des femmes et des hommes qui se battent au quotidien pour protéger la nature. Ce sont leurs histoires qu’il a voulu partager dans son livre La promesse des magiciens.

    Loin de nier le constat actuel « qui est dramatique », l’auteur se place à contre-courant des discours alarmistes pour montrer que des choses sont faites, que des solutions existent et qu’il est grand temps de s’y intéresser. Aujourd’hui, quand on parle d’écologie, on parle surtout de chiffres et de rapports. « Dans un pays comme le nôtre, je pense que le message est passé, mais ce qu’il manque maintenant, ce sont des informations sur les solutions » soutient Christophe Doré.

    Avec sa vision positive de l’écologie, il veut inciter les gens à sortir de leur inertie, en partie causée par une éco-anxiété généralisée. En 2018 déjà, 85% des Français.es s’inquiétaient du réchauffement climatique selon une étude IFOP. Un sentiment qui s’est accentué aujourd’hui, et plus particulièrement chez les jeunes.

    Ces « magiciens » qui agissent concrètement

    Dans chaque chapitre de son livre, l’auteur aborde une thématique différente : déforestation, avancée du désert, agriculture, océan… Et pour chacune d’entre elles, il présente des actrices et acteurs du changement qui apportent de réelles solutions. « Le but, c’est de dire : ‘Il y a des gens qui font des choses, et regardez ça marche !’ ».

    Ces « magiciens » agissent concrètement et localement pour protéger la nature qui les entoure du réchauffement climatique et des pollutions. « Ce sont eux les porteurs d’espoir ». Comme il nous l’explique, ce ne sont pas les moyens qu’ils utilisent qui sont magiques, « mais leur volonté et le résultat ». Leurs outils sont à la portée de tout le monde.

    Sur l’île de Majuli en Inde, Jadav Payeng a utilisé de simples bouts de bois pour creuser des trous et planter des graines. Vingt-cinq ans plus tard, c’est une forêt de la taille de Central Park qui a repoussé grâce à lui. Résultat : une partie des sols a résisté à l’érosion causée par le fleuve. Et tout un écosystème a été ravivé.  

    « Il faut que l’écologie devienne un sentiment et qu’on se sente investi. »

    Christophe Doré et le climatologue Jean Jouzel sur l’île Spitzberg en Norvège © DR

    Faire de l’écologie un sentiment

    Si ces « sauveurs agissants » sont sortis de la passivité, c’est parce qu’ils se sont sentis investis par la cause et touchés par les bouleversements de leur environnement. Avant d’être une idéologie, de la politique ou des innovations technologiques, « l’écologie ça doit être un sentiment » insiste Christophe Doré. « Quand on aime quelqu’un, on ne regarde pas à la dépense, ni à l’investissement de temps, on se donne pleinement » ajoute-t-il.

    Une réflexion qui questionne notre rapport au monde et notre connexion à la nature. « Il faut qu’on se sente investi pour ses enfants, pour la rivière qui coule en bas de chez nous, pour l’océan qu’on va voir pendant les vacances ». C’est là qu’on trouvera l’envie d’agir, pour protéger ce qu’on a connu et ce qu’on risque de perdre.

    Et pour ça, il n’est pas nécessaire de tout comprendre. Les cerveaux, ils sont déjà là : ce sont les chercheurs, les scientifiques, les ingénieurs. « Nous, en tant que citoyens, nous devons être sentimentalement investis pour la protection de la planète et des animaux pour les défendre avec le cœur ».

    Un homme et une femme ramassent des déchets dans la nature.

    Tout le monde peut agir

    Mais reste à savoir comment nous, en tant que citoyen.nes, on peut changer les choses à notre échelle. Pour ça, Christophe Doré a pris soin de proposer des solutions concrètes à la fin de chaque chapitre. « Souvent c’est une question d’argent » avoue-t-il. Cela permet de financer des projets très concrets, comme la plantation d’arbres ou la protection des coraux. « Ça peut être simple : on arrête de fumer et on met cet argent économisé dans des projets par exemple ».

    On peut aussi consacrer du temps à des actions, en nettoyant des plages, en ramassant des mégots dans la rue ou en participant à des marches pour le climat pour faire entendre notre voix. Sans oublier l’importance de la transmission : « on peut s’informer et devenir des vecteurs d’informations positives », dans des écoles ou plus simplement pour sensibiliser les gens qui nous entourent.

    L'auteur l'affirme à plusieurs reprises : on a les clés pour changer les choses. Et si ces « magiciens » se battent pour sauver la planète, de notre côté, on peut les aider.

    La promesse des magiciens est disponible au prix de 19 euros, en librairies et sur le site des Éditions Belin, depuis le 22 février.