2020 M08 31
Comme Greta Thunberg, Adeline Jouan, mannequin et auteure engagée, a fait une dépression pendant plusieurs mois après avoir regardé des documentaires sur l’environnement en perte de vitesse. « À mes 18 ans, je me sentais dépassée par ce qui nous arrivait. Mes parents m’ont interdit de regarder des films sur la planète car ça me minait le moral, littéralement, j’étais déprimée. Depuis, j’ai changé, j’ai fait mes études dans l’environnement et j’ai transformé ce mal-être en énervement, en colère et… en espoir ». Cette impression de « dépassement », les psychologues en France ont encore du mal à l’analyser. Que ce soit de l’éco-anxiété liée à l’incapacité de faire face aux changements climatiques, de l’éco-paralysie pour notre inaction et le manque de mesures concrètes pour y remédier ou de la solastalgie, autrement dit, un état d’impuissance et de détresse profonde, dans tous les cas, le phénomène existe et touche de plus en plus d’individus.
« 85% des Français sont inquiets du réchauffement climatique. Et la tranche la plus touchée serait les 18-24 ans. »
A commencer par les couples, réticents pour certains dans leur désir d’enfant. C’est le cas d’Anaïs Da Silva, blogueuse, qui se pose aujourd’hui la question. « Je n’arrive plus à me projeter sur le long terme, même à me dire de faire un enfant… Je suis inquiète de devenir mère dans un monde qui est en train de s’éteindre. J’imagine ce monde futur... Le manque de respect que nous avons envers notre planète. Ça me stresse et ça me bloque énormément. Et ça me créé de la colère et de l’indignation, ça me glace ». Les premiers touchés par cette éco-anxiété sont les personnes victimes d’une catastrophe naturelle. Mais pas que. Une étude IFOP révèle que 85% des Français sont inquiets du réchauffement climatique. Et la tranche la plus touchée serait les 18-24 ans, soucieux de leur avenir. Alors sans tomber dans la pathologie, que faut-il en retenir et surtout, comment enfouir les premiers signes d’anxiété que vous ressentez ou vos proches ?
Voir à court et moyen termes. Christopher, cadre dans une entreprise et militant écologiste, nous explique sa méthode. « Bien sûr à l'avenir, l’homme ne pourra plus profiter des paysages, de leur beauté, d’un air et d’une eau pures, d’animaux en liberté. Mais au quotidien, on peut tenter de minimiser notre impact individuel, pour un résultat collectif. Défendre des valeurs, consommer moins, limiter l’avion, s’entourer de personnes engagées, protéger nos arbres et notre nature, en parler et surtout l’expliquer ».
Le dialogue est la première des étapes pour soulager la déprime et l’anxiété liées à la dégradation de notre planète. Que ce soit sur les réseaux sociaux, dans son cadre familial ou avec un psychologue, le partage et se sentir entouré permettent de trouver des solutions et de calmer les émotions négatives. Voir à court et moyen termes seraient aussi, selon les dernières études, une option pour atténuer les effets de stress et d’angoisse, notamment pour les citadins en manque de nature. Apaiser un sentiment d’étouffement, chasser les images catastrophiques, se donner de l’air… Des méthodes qui petit à petit font effet sur notre mental en manque d’oxygène. On pourrait aussi conseiller la (re)lecture de Rousseau et de ses dialogues sur l’état de nature et l’Homme, « La nature a fait l’homme heureux et bon, mais […] la société le déprave et le rend misérable ». Alors, on part tous vivre en forêt ? Pour une part grandissante des urbains, c'est déjà une réalité. Un récent sondage réalisé par Cadremploi révèle que 83% des cadres parisiens envisagent de déménager en province, et que 60% se déclarent même prêts à changer de métier. Ou quand le "no futur" rencontre "le monde d'après".