Alquist youtube maison cannabis

Rendre l’immobilier plus vert ? Facile avec ces maisons en béton de cannabis

Non, elles ne sont pas construites en feuilles à rouler géantes mais avec une imprimante 3D XXL remplie d'un béton durable à base de chanvre. Et devinez quoi ? C’est bon pour le climat et pour reloger les plus démunis.
  • On vous a déjà dit que le secteur du bâtiment polluait, mais vous oubliez à chaque fois pourquoi ? Parce qu’il consomme beaucoup d’énergie, génère de nombreux déchets, consomme de l’eau et du sable et nécessite la fabrication de matériaux neufs. En 2019, l’ONU lui attribuait 38 % de toutes les émissions carbones mondiales liées à l’énergie, avec une empreinte estimée à 9,95 gigatonnes et ce chiffre était encore en augmentation.

    Une des solutions consiste à limiter la fabrication de matériaux neufs en optant pour des équivalents bio-sourcés. C’est la piste suivie par Black Buffalo Corp, une société américaine spécialisée dans la fabrication de très grandes imprimantes 3D.

    Encre verte

    La fabrication additive, vous connaissez sans doute. C’est la création d'objets par dépôt de couches d'une matière pré-définie, « l’encre » de l’impression 3D en quelque sorte. Mais au lieu d’employer un ciment, les New Yorkais de Black Buffalo Corp (BBC) utilisent un mélange de béton à base de chanvre, famille de plantes dont est issu le cannabis.

    Une maison toutes les 15h

    Pour concevoir ce bio-matériau, BBC s’est associé avec Alquist, constructeur de logements abordables aux USA par impression 3D, et Revive Hemp, qui fournit le broyage de chanvre nécessaire au mélange. Dès lors, l’imprimante 3D n’a plus qu’à faire le travail.

    On pose d’abord les rails qui vont guider la construction, puis on monte l’imprimante comme une grue, on ajoute l’encre de chanvre et enfin on lance l’impression. Evidemment, elle ne construit que les murs porteurs, il restera à installer cloisons et menuiseries ; mais il suffit de quelques heures pour obtenir une maison.

    Lors d’une récente démonstration, une quinzaine d’heures d’impression ont suffi pour bâtir près de 150 m² de murs d'une traite. Comme l’imprimante n’a pas besoin de repos, il suffit de la relancer au terme d’une première maison pour en obtenir une seconde… et ainsi de suite. Cela permet de construire nuit et jour si nécessaire, par exemple dans les zones sinistrées.

    Le béton préféré du GIEC

    Le chanvre est bien connu pour son inertie et ses performances isolantes, aussi bien thermiques que phoniques, et sa résistance aux incendies. En outre, à écouter le trio américain, ce béton de chanvre serait plus léger et aussi résistant que le ciment.

    On utilise déjà largement ce matériau pour fabriquer des briques et des panneaux isolants. L’imprimante permettra de démocratiser encore son utilisation dans le secteur.

    Contrairement au béton, qui épuise le sable de la planète, le chanvre a un impact positif sur l’environnement : il va permettre de compenser les émissions de carbone. Hé oui, puisque ce matériau va nécessiter la culture de chanvre, une plante qui pousse vite et absorbe bien mieux les gaz à effet de serre que le bois. Chaque hectare de culture peut en effet séquestrer 15 tonnes de CO2. Souriez et oubliez la fumette, c'est lui qui va aspirer nos fumées.

    Plus d’imprimantes pour plus de logements

    Mais ce qui fait que cette solution est l’avenir du bâtiment, c’est que l’impression 3D a l’avantage d’être 15 % moins onéreuse qu’une construction traditionnelle. Le CEO de Black Buffalo, Michael Woods, estime même qu’après quelques réglages, ils pourront baisser de 30 % les coûts (dans un avenir proche).

    L’entreprise s’est déjà lancée et prévoit d’investir quelques 33 millions d’euros dans ses imprimantes démesurées pour « accroître l'adoption des imprimantes 3D dans le secteur de la construction » afin que l’immobilier profite d’une approche « plus abordable et durable pour répondre à la demande de logements et d'infrastructures ». Il ne reste plus qu’à financer la culture du chanvre pour que les émissions carbonées du secteur partent... en fumée. 

    Crédit photo de Une : Alquist / Youtube

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