L’Agroforesterie, un modèle historique pour une agriculture durable

Pas d’alimentation saine et écologique sans une agriculture durable et respectueuse de la biodiversité. Et pour y arriver, rien de tel que de planter des arbres dans nos champs. C’est le principe de l’agroforesterie, une technique ancestrale qui pourrait bien représenter le futur de l'agriculture en raison de ses nombreuses vertus.
  • L’agroforesterie est une pratique agricole très ancienne dont le but est de mêler la production d’arbres avec des cultures (fruits, légumes, céréales) ou encore l’élevage d’animaux. Cette méthode fait son apparition dès l’antiquité, notamment en Grèce, où les cultures maraîchères étaient systématiquement associées à la production d’oliviers, par exemple.

    L'agroforesterie perdure jusqu’au début du vingtième siècle. En France, le bocage normand en était l’exemple parfait. C’est après la seconde guerre mondiale, alors qu’il fallait lutter contre la famine de l’après-guerre, que notre modèle agricole change. On a fait tomber les arbres afin de créer de plus grandes parcelles, cultivées grâce des techniques plus productivistes. Mais depuis quelques années, l’agroforesterie fait son grand retour dans les champs en tant qu'allié pour lutter contre le changement climatique. 

    Pourquoi cette technique en particulier ? Qu’il s’agisse de la rétention de l’eau, de la protection de la biodiversité ou même de l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs, c'est l'une des plus efficaces que l'on connaisse pour répondre aux défis d'une agriculture durable

    Lutter contre le réchauffement climatique et améliorer la fertilité des sols

    C’est la raison numéro 1 pour laquelle l’agroforesterie, tout comme la permaculture, est certainement l’une des meilleures pratiques agricoles du moment : les arbres stockent du carbone dans le sol. Planter des arbres dans les champs permet donc de réduire les émissions de CO2 dans l’atmosphère. 

    D’autant que cela permet aussi de réduire l’usage de fertilisants chimiques. On estime qu’une large part de la biomasse des arbres (environ 40%) retourne au sol chaque année. En se décomposant, cela forme un humus qui favorise la fertilité des sols. 

    Mais ça n'est pas tout, les arbres vont également apporter une valeur ajoutée en matière de gestion de l'eau. 
     

    Réduire les besoins en eau et protéger la biodiversité

    Les arbres permettent une meilleure irrigation des parcelles et une réduction des besoins en eau. C’est vrai grâce à leurs systèmes racinaires, qui augmentent la réserve en eau exploitable par les plantes dans le sol autour de l’arbre, et qui améliorent également l’infiltration de l’eau dans le sol. Enfin, au printemps et en été, l’ombre des feuillages réduit l’évaporation au sol et donc les besoins en arrosage. 

    Les racines des arbres ne se contentent pas d’améliorer la disponibilité de l’eau. Elles favorisent aussi la vie du sol, en particulier celle des champignons, bactéries et insectes. Sans compter sur le fait qu’ils fournissent des habitats et de la nourriture à une faune et une flore importantes. D’un point de vue agricole, remettre des arbres permet aussi de pouvoir compter sur des auxiliaires de cultures (petits rongeurs et oiseaux) qui effectueront naturellement le travail de certains pesticides chimiques.

    Améliorer les conditions de vie des agriculteurs

    Enfin, l’agroforesterie permet aussi aux agriculteurs de se dégager des revenus complémentaires grâce aux arbres qu’ils vont planter sur leurs parcelles, ou en bordure de parcelle. Des revenus qui peuvent être liés à la vente de fruits s’il s’agit d’arbres fruitiers, ou encore de paillage, fourrage ou litière sinon. 

    Pour toutes ces raisons, la FAO (l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation) prône très largement l'utilisation de cette technique afin de faire face aux défis qui nous attendent. Simple et naturelle, elle pourrait changer la donne dans notre quête d'une alimentation durable

    À lire aussi