2021 M12 17
Le transport maritime représentera bientôt 17% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Un volume conséquent, d’autant que le transport maritime se charge d’environ 90% des échanges de marchandises à travers le monde. Et les solutions pour réduire cette pollution ne sont pas nombreuses.
Il y a évidemment toute une réflexion autour de nouveaux carburants, notamment le gaz naturel liquéfié. Il y a aussi des prototypes de cargos à voile qui pourraient être mis à l’eau dans les prochaines années. En parallèle, une autre approche est actuellement menée par certains scientifiques : le biomimétisme.
Regarder ce qu’il se passe dans la nature et s’en inspirer pour créer des innovations utiles à l’espèce humaine est un procédé que nous utilisons depuis longtemps. La méthode a permis de créer de nombreuses inventions. Nos baskets à scratch, par exemple, sont nées en observant un petit animal, le Gecko. Idem pour le TGV japonais, le Shinkansen, qui tire sa forme aérodynamique du martin-pêcheur. Il y a même, en Afrique, un bâtiment entier qui a été conçu en s’inspirant d’une termitière. L’Eastgate Building, c’est son nom, est ainsi réputé pour son confort thermique inégalable.
Les baleines sont les plus gros mammifères qui existent, et elles pourraient nous aider à concevoir les navires de demain.
Les baleines et autres cétacés : une inspiration pour le transport maritime
L’idée selon laquelle le transport maritime pourrait s’affranchir du fioul lourd est généralement battue en brèche par un argument de poids : celui des navires. Le Saint-Exupéry, par exemple, plus gros porte-conteneur de la flotte française, est plus grand que le porte-avion Charles-de-Gaulle. Il mesure 400 mètres de long et peut peser, à plein, 260 000 tonnes.
Raison pour laquelle on peut difficilement imaginer que des batteries électriques ou des voiles puissent raisonnablement participer à la propulsion d’un tel monstre des mers. Mais au fait, les grands animaux marins, comment font-ils pour se déplacer ? Un cachalot peut peser jusqu’à 41 tonnes, une baleine grise environ 27 tonnes. Ils déplacent pourtant ces masses énormes à l’aide d’un simple mouvement ondulatoire… qui a intrigué les scientifiques de l’Ifremer.
Ceux-ci travaillent donc, depuis quelques années, sur la conception d’une sorte de très grande nageoire articulée, qui pourrait venir en aide aux plus grands des bateaux, afin de réduire leur utilisation de carburant via la création d’une startup avec l’architecte naval Olivier Gusti.
image de synthèse des foils mécaniques de l'architecte naval Olivier Gusti
Des “foils mécaniques” inspirés par les cétacés
“Notre système reproduit et combine deux phénomènes physiques : les foils sont comme des ailes d’avion immergées qui soutiennent le navire et réduisent les frottements de la coque du bateau sur l’eau. Leur mouvement, généré par la houle, fait avancer le navire un peu à la manière d’une queue d’une baleine” résume l’architecte à la base de ce concept.
Fin 2022, les performances d’une maquette au 1/35ème devraient être validées dans le bassin de l’Ifremer. Un premier prototype à l’échelle 1/2 devrait ensuite être testé en mer à partir de fin 2023 sur un navire de commerce. Et si cela fonctionne, ce pourrait être une nouvelle opportunité pour décarboner l’économie mondiale.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le mouvement ondulatoire des animaux marins nous intéresse. Ces dernières années, le mouvement des anguilles a aussi été copié pour fabriquer des hydroliennes censées produire de l’électricité verte… ou bleue.