Comment le Costa Rica est devenu un modèle d’écoresponsabilité

En Amérique centrale, le Costa Rica est devenu au fil des années un paradis vert. Dans ce pays où l’écologie est mise au premier plan, les forêts regagnent du terrain, la biodiversité s'épanouit, les énergies renouvelables sont omniprésentes et la neutralité carbone est une priorité. Un exemple à suivre pour le reste du monde.
  • Depuis plusieurs années, le Costa Rica se place comme un modèle d’écoresponsabilité. En 2019, il reçoit le prix Champion de la Terre décerné par l’ONU dans la catégorie des politiques publiques. Ce titre qui récompense les actions positives sur l’environnement salue ce pays d’Amérique centrale « pour son rôle dans la protection de la nature et son engagement en faveur de politiques ambitieuses de lutte contre le changement climatique ».

    « Le Costa Rica a été un pionnier dans la protection de la paix et de la nature et constitue un exemple pour la région et pour le monde », a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l'environnement, suite à cette remise de prix. 

    Une nature préservée et protégée

    Situé au centre de l’isthme centraméricain, entre le Nicaragua et le Panama, ce petit pays possède une géographie unique : il est bordé par l’océan Pacifique et la mer des Caraïbes, traversé par une chaîne de volcans et recouvert d’une végétation tropicale luxuriante. Et s’il ne représente que 0,03% de la surface terrestre, il abrite pourtant 5% de la biodiversité mondiale.

    Mammifères, poissons, oiseaux, reptiles, amphibiens, insectes : la faune nationale est riche et variée. Parmi ses animaux emblématiques, on retrouve les colibris (il y en a plus de 50 espèces), le paresseux, le toucan à carène ou encore la grenouille aux yeux rouges, acteur essentiel de l’écosystème forestier. Sans oublier la richesse de la flore avec 12 000 variétés de plantes. Une biodiversité que le gouvernement a bien l’intention de préserver.

    Depuis les années 90, le Costa Rica a commencé à inverser le processus de déforestation. En 1980, les forêts représentaient moins de 25% de son territoire. Aujourd’hui, ce sont 55% de ses terres qui sont couvertes d’arbres. Plus d’un quart du pays est également protégé, ce qui en fait un argument majeur pour le tourisme. Des parcs et des réserves écologiques, nationales ou privées, qui attirent chaque année les écotouristes en quête de la « pura vida », cette ode à la vie pure qui fait son âme. 

    Un modèle à suivre pour un futur décarboné

    Alors que la fin de l’année 2021 a notamment été marquée par le bilan décevant de la COP26, le Costa Rica se place quant à lui en modèle. S’il a inscrit dans sa Constitution « le droit à un environnement sain et écologiquement équilibré » voilà de nombreuses années, il montre maintenant la voie vers un avenir sans carbone. « La décarbonation est la grande tâche de notre génération et le Costa Rica doit figurer parmi les premiers pays à y arriver » avait déclaré le président Carlos Alvarado en arrivant au pouvoir en mai 2018.

    En 2019, il a lancé un programme ambitieux pour permettre à ce pays d’être le premier au monde à atteindre l’objectif de zéro émission carbone en 2050. À l’heure actuelle, 99% de son énergie produite et consommée proviennent de sources renouvelables, notamment car il a su capitaliser sur des ressources naturelles et un mix énergétique unique en combinant l’hydraulique, la géothermie, l’éolien, la biomasse et le solaire. Déjà en 2017, le Costa Rica avait fonctionné pendant 300 jours avec de l’électricité verte, un record mondial. 

    Une seule ombre au tableau : la voiture individuelle

    Pour atteindre cet objectif d’ici les trente prochaines années, le pays va devoir réduire drastiquement les émissions de CO2 de son secteur le plus polluant : les transports. Les voitures qui roulent au Costa Rica sont très âgées et utilisent encore les énergies fossiles. Sans compter que les trains et les bus ne sont pas très développés, ce qui laisse peu d'alternatives pour les déplacements. 

    En réponse à cette problématique, le gouvernement a pour ambition d’électrifier au maximum le parc automobile, mais aussi les moyens de transports en déployant des lignes ferroviaires et des transports en commun électriques. En parallèle, le Costa Rica accueille un grand projet de production d’hydrogène 100% vert qui veut réduire à terme l’empreinte carbone de ce secteur. Certaines villes mettent également en place de plus en plus de pistes cyclables pour encourager la mobilité active.

    Les différentes politiques nationales en faveur de l’environnement ont un effet positif sur sa population. Le Costa Rica a été plusieurs fois reconnu comme étant le pays le plus heureux du monde selon le Happy Planet Index, ou « indice de la planète heureuse ». Cet indicateur économique alternatif proposé par le groupe de réflexion britannique New Economics Foundation se base sur l’empreinte écologique, l’espérance de vie, le degré d’inégalité des revenus et le taux de satisfaction de la population.

    À cela s’ajoute aussi le fait que depuis la guerre civile de 1948, l’abolition constitutionnelle de son armée lui a permis d’investir plus de moyens dans la santé, l’éducation et l’écologie, pour améliorer la vie des Costaricains et Costariciennes.

    Ce petit État d’un peu plus de 5 millions d’habitants est un bel exemple pour les grandes puissances qui ont des moyens économiques beaucoup plus importants pour atteindre les objectifs de neutralité carbone. Il montre qu’un modèle économique viable est atteignable tout en respectant la nature qui nous entoure.

    A lire aussi