Le charbon, ce combustible qui fait brûler la planète

Fin 2021, se tenait la COP 26. L’accord signé à la suite de cette rencontre a beaucoup déçu, notamment car les promesses de sortie des énergies fossiles ne sont pas à la hauteur pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Le charbon est la source d’énergie la plus polluante au monde, mais il reste pourtant largement utilisé dans de nombreux pays. Pourquoi ?
  • « Ce n’est pas un secret que la COP26 est un échec ». Un mois après cet événement mondial tant attendu, ces mots de Greta Thunberg résonnent encore. Le pacte de Glasgow, signé à la clôture de cette COP est jugé décevant par de nombreuses ONG et ne sera pas suffisant pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Selon l’édition 2021 du Production Gap Report, les grands pays producteurs et exportateurs d’énergies fossiles prévoient d’en exploiter en 2030 environ 110% de plus que ce qui serait recommandé pour une limitation du réchauffement mondial à 1,5°C.

    Il y a tout de même du positif à retenir de ce texte : c’est la première fois que les mots « énergies fossiles » sont clairement mentionnés dans un accord. Mais sa version finale a été entachée par des modifications de dernière minute. Les pays participants sont invités à « diminuer » leur utilisation du charbon, alors qu’il était question au début de le faire « disparaître ». Ils s’engagent donc à arrêter les subventions aux énergies fossiles, mais uniquement celles jugées « inefficaces », laissant libre court à l’interprétation de ce terme. Sans compter que les centrales qui utilisent des technologies de capture de carbone ne sont pas visées.

    Des nuances ajoutées à la demande de certains pays comme l’Inde et la Chine, qui limitent la prise de position de ce pacte. Et en précisant qu’il faut « prendre en compte les circonstances nationales », ce texte très peu contraignant ouvre la porte à de nombreuses exceptions.

    Le charbon, une énergie fossile particulièrement polluante 

    Le charbon, le pétrole et le gaz représentent la grande majorité de la consommation mondiale d’énergie. Ces énergies fossiles ont un impact considérable sur l’environnement car elles émettent du dioxyde de carbone (CO2), un gaz à effet de serre (GES) en grande partie responsable de la crise climatique. Elles ne sont pas renouvelables et polluent à chaque phase du processus : leur extraction, leur transformation, leur transport et leur consommation.

    Le pétrole est peut-être le combustible le plus utilisé, mais c’est le charbon qui est le plus polluant. Les GES qu'il produit font de lui le principal facteur du changement climatique. Pourtant, il est encore utilisé dans près de 40% de la production d'électricité mondiale. S’il est largement présent, c’est parce qu’il est facile à transporter et à stocker, et c’est le moins cher à exploiter.

    Ces régions où le minerai noir est roi

    Pendant la COP26, une quarantaine de pays se sont engagés à abandonner le charbon pour produire leur électricité, d’ici à 2030 ou 2040. Parmi eux, des gros consommateurs de ce minerai, comme le Canada, le Chili, l’Ukraine et la Pologne. Mais en Asie, la tendance est toute autre puisque le charbon a encore le soutien des pouvoirs publics, comme le confirme le récent rapport de l’association Climate Chance

    La Chine est responsable de plus d’un quart des émissions mondiales de GES. En plus d’être le plus gros producteur de charbon de la planète, elle figure aussi parmi ses plus gros consommateurs, avec l’Inde et les États-Unis. Et pour cause : elle possède le plus grand parc de centrales électriques au charbon au monde. Certaines sont très récentes car le pays continue d’autoriser de nouvelles constructions. En 2020, « la Chine a produit plus de la moitié de l’électricité mondiale générée à partir du charbon ».

    Même constat pour l'Australie qui refuse d’abandonner cette énergie fossile. Pendant la COP26, elle a annoncé qu’elle ne fermera ni ses mines, ni ses centrales à charbon, et qu'elle continuera à la vendre pendant « des décennies ». Ce combustible a de grands défenseurs et des lobbys puissants, mais l’ensemble du pays n’est pas forcément en accord avec cette filière. En 2020 par exemple, la banque ANZ annonçait qu’elle ne financera plus le charbon à partir de 2030; c’est la dernière grande banque australienne à tourner le dos au minerai noir.

    Vers une sortie du charbon en Europe

    Même s’il disparaît petit à petit de l’Europe, le charbon est encore bien présent dans certains pays. C’est le cas du plus gros émetteur européen de CO2 : l’Allemagne. Elle est aussi l’un des trois premiers consommateurs de ce combustible en Europe, aux côtés de la Pologne et de la République tchèque. Au premier semestre 2021, cette énergie fossile est devenue la principale source de son réseau électrique (27%).

    Malgré cette dépendance, la nouvelle coalition gouvernementale a récemment annoncé vouloir avancer sa sortie du charbon en 2030 (au lieu de 2038). Cette décision va impliquer un développement massif des énergies renouvelables. Une dynamique qu’on observe dans le reste de l’Union européenne où plusieurs de ses pays membres ont déjà abandonné le charbon, ou prévoient de le faire d’ici les huit prochaines années.

    L’exemple le plus récent est celui du Portugal. Avec la fermeture de sa dernière centrale à charbon à Pego, il devient le quatrième pays de l’UE à bannir cette énergie fossile, après la Belgique, la Suède et l’Autriche. Le Portugal est en avance sur les énergies renouvelables - en 2019 déjà, elles composaient à plus de 50% son mix énergétique. Son engagement dans le développement d’alternatives au charbon montrera peut-être la voie aux autres pays dépendants de ce combustible.

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