2021 M09 6
C’est ce qui s’appelle un pari politique pour le moins osé. Lorsqu’il se présente pour la première fois aux élections municipales de Pontevedra, en 1999, Miguel Anxo Fernandez Lores base tout son programme électoral sur un axe majeur : faire de sa ville une référence mondiale en matière de piétonnisation et de développement durable. Même si la cité de Galice est à l’époque totalement sclérosée par la circulation, avec près de 40000 véhicules immatriculés pour une population de 70000 habitants, tout le monde lui rit au nez et les sondages le donnent bon dernier de la brochette de candidats en lice. Il l’emporte pourtant haut-là main.
22 ans plus tard, il est en plein milieu de son 6ème mandat et ce qu’il a accompli est tout simplement phénomenal. Il ne s’est pas contenté de rendre piétonnes quelques rues du centre-ville ou de planter des arbres ici et là pour faire joli. Il a développé un projet global qui a permis de baisser drastiquement le trafic automobile.
En un peu plus de 20 ans , le trafic automobile a diminué de 90%, les émissions de CO2 ont baissé de 67 %, 70% des déplacements se font désormais à pied ou à vélo et depuis 2007 il n’y a plus eu aucun décès lié aux accidents de la route dans le centre-ville.
Un code de la route dédié aux piétons
Pour réussir ce pari, Miguel Anxo Fernandez Lores a commencé par piétonniser le centre historique de la cité, ne le laissant accessible qu’aux seuls véhicules d'urgence ou de livraison et à ceux des résidents ayant un garage. Cette zone s’est progressivement élargie et même si les voitures ne sont donc pas totalement bannies, leur vitesse est limitée de 10 à 30 km/heures selon les endroits.
La municipalité a supprimé la quasi-totalité des places de stationnement au profit de parkings souterrains payants dans le centre-ville et gratuits dès que l’on s’en éloigne un peu. Aucun de ces parkings gratuits ne se trouve à plus de quinze minutes de marche où que l’on soit dans la ville.
La mairie a aussi défini une nouvelle législation concernant les règles de priorité dans son espace public. Les piétons sont en effet prioritaires sur les vélos et les trottinettes, qui le sont eux-mêmes sur les les transports en commun et les véhicules motorisés. Les rues à double sens ont été supprimées.
Pas de centres commerciaux en périphérie
Dans le centre, les trottoirs ont disparu au profit d’une voirie sans obstacle urbain. Des bancs ont été installés, des espaces végétalisés et des aires de jeux pour enfants créés. Le reste de la ville a été agrémenté d’aménagements paysagers, de trottoirs élargis, de passages piétons surélevés.
Une application pour smartphone a été développée : MetroMinuto. Elle permet aux habitants de choisir leurs itinéraires et de calculer le temps de trajet, de compter les pas et les calories perdues. Pour protéger les petits commerces, les centres commerciaux en périphérie ont été bannis.
Le bonheur est dans la rue
Même si toutes ces transformations ne se sont pas fait sans grincements de dents, difficile de croiser aujourd’hui dans la ville un opposant au projet. Et alors que la région de Galice se vide de ses citoyens depuis plusieurs décennies, Pontevedra, érigée en modèle de développement urbain à travers le monde, a gagné près de 15000 habitants depuis 1999. Le bonheur est dans la rue, cours-y vite, cours-y vite...