2022 M03 14
En début d’année, la fondation Abbé Pierre a publié son 27e rapport sur l’état du mal-logement en France. Le constat est terrible : notre pays compterait 300 000 personnes sans domicile fixe.
Des hébergements d’urgence pas assez nombreux…
Actuellement, il y a en France 145 000 places d’hébergements d’urgence. Pendant la crise Covid-19, 43 000 places supplémentaires ont été ouvertes. Elles doivent le rester jusqu’à la fin du mois. Et après ? À Bordeaux, le 20 janvier dernier avait lieu la première Nuit de la Solidarité de l’année 2022. L’occasion de recenser les personnes à la rue dans la Ville.
Bilan des comptes : 561 sans domicile fixe ont été approchés par les 165 agents de la ville, accrédités par l’Insee, et les 450 bénévoles.
« Ces personnes viennent s’ajouter aux 287 hommes, femmes et enfants actuellement à l’abri dans des squats, dont le recensement a été effectué par les services municipaux et métropolitains en parallèle de la Nuit de la Solidarité » expliquait la ville dans un communiqué. Pour la municipalité, c’est donc 848 personnes qui ont eu besoin, l’hiver dernier à Bordeaux, d’un hébergement d’urgence.
...Et pas adaptés
L’exemple de ce recensement est un bon indicateur des problèmes que rencontre la France en termes de prise en charge des personnes sans domicile fixe. Les chiffres de ce recensement ont été contestés dès le vendredi 21 janvier 2022 par Fabienne Buccio, Préfète de Gironde. Selon la préfecture, « aucune des personnes recensées jeudi soir n’a appelé le 115 ce soir-là.... alors que des places étaient disponibles ».
Outre toutes les personnes qui n’ont pas les moyens d’appeler le 115, ou qui attendent de longues minutes sans que personne ne leur réponde… Et si certains SDF refusaient de se tourner vers les centres d’accueil « classiques » ? Il faut dire que ces derniers sont non adapté à certaines personnes : les addicts, les couples ou famille, les marginaux… ou les propriétaires d’animaux.
Des logements modulaires temporaires
Plusieurs villes de France, dont Bordeaux, ont décidé d’offrir à ces individus misent au ban de la société une autre solution : des logements modulaires temporaires. Des logements de type Algeco (leader de la construction modulaire) qui permettent, en plus de mettre des êtres humains à l’abri, de recréer un lien social essentiel pour entamer des démarches de réinsertion.
Voilà à quoi peut ressembler un logement modulaire en bois © www.bois.com
Il y a un an, la Communauté d’agglomération Pays basque (CAPB) confirmait dans un communiqué que « le projet de logements modulaires pour les personnes en situation de grande marginalité (...) verra le jour en avril prochain ». Ce sont les villes de Bayonne et Biarritz qui ont accueilli les modules de 24 m² (dont 16,7 m² de surface habitable et 3 m² de terrasse) en bois et acier. « L'expérimentation se poursuivra sur trois ans avec la construction de 5 modules supplémentaires (10 en tout) et pourra ainsi accueillir 10 personnes. »
À Bordeaux, on a annoncé installer, dès février 2022, des logements modulaires dans le secteur Sud. Ils seront mis à disposition des sans-abris les plus marginaux, pour des durées variables. L’objectif est de leur offrir une soupape de décompression, un lieu sûr où s’installer le temps de trouver une solution pérenne.
À Montpellier enfin, dans le quartier de La Rauze, la justice a tranché : le village de transition va voir le jour. Le chantier, qui avait été bloqué par des opposants, a repris. Il accueillera 180 Roms qui vivaient jusqu’ici dans des bidonvilles montpelliérains.
#Montpellier Depuis 7h15 ce matin le collectif des #riverains de La #Rauze Céreirède bloque l'accès au #chantier du futur village de transition pour résorber l'actuel #bidonville de Celleneuve. Les #travaux devaient débuter ce matin Le collectif a déposé un référé contre ce mardi pic.twitter.com/Rs5lFoAsBX
— viàOccitanie (@viaOccitanieTV) February 9, 2022
Dans son rapport, la Fondation Abbé Pierre déplore « la précarisation de couches entière de la population » et fait des propositions au gouvernement : relance du logement (surtout social) encadrement des loyers, sécurité sociale du logement, éradication des passoires énergétiques, redistribution des richesses, agence nationale des travaux d’office… Un chantier colossal qui n’ira au bout que grâce à l’engagement des collectivités locales.