2020 M10 20
Le circuit-court est un modèle de commercialisation qui se fait directement du producteur au consommateur et/ou de manière indirecte s’il n’y a qu’un seul intermédiaire entre les deux. On peut y ajouter une notion de production locale, c’est à dire dans un périmètre restreint, mais ça n’est pas pris en compte dans toutes les définitions.
Les circuits-courts sont surtout connus dans le domaine alimentaire, où la crise sanitaire récente a démontré la résilience du modèle par rapport à celui de la vente en grande surface. Le réseau La Ruche qui dit Oui, par exemple, a vu son chiffre d’affaires augmenter de 70% et le volume moyen de ses paniers augmenter de 30% durant cette période. Mais les circuits-courts existent aussi ailleurs que dans l’alimentaire.
C’est par exemple ce que propose la startup Fleurs d’ici, qui commercialise des fleurs fraîches, de saison et issues uniquement de producteurs locaux. Pourquoi ? Parce que 85% des fleurs vendues en France proviennent d’Afrique ou des Pays-Bas, ce qui a poussé la filière horticole française à voir son activité diminuer de plus de 50% depuis 2005. Et sur ces produits, les circuits-courts ont tout leur intérêt.
C’est d’ailleurs l’un des principaux avantages de ce mode de distribution : soutenir les producteurs locaux, leur garantir un meilleur revenu, s’assurer que les spécialités de nos terroirs perdurent. Et pour toutes ces raisons, le concept commence à s’étendre à de nouveaux secteurs.
« L’autoconsommation est une pratique intéressante car [c’est] l’un des meilleurs exemples de fonctionnement en circuit-court en dehors de l’alimentation. »
L’électricité en circuit-court, greenwashing ou réalité ?
La notion de circuit-court dans le domaine de l’énergie peut faire sourire mais elle existe pourtant. Même si le réseau électrique est centralisé et ne permet pas de savoir si l’on consomme des électrons qui ont été produits à côté de chez soi ou à l’autre bout de la France.
Pourtant, la logique de circuit-court dans l’énergie se développe de deux façons. D’abord, par une juste rétribution des producteurs locaux. C’est la logique proposée par exemple par le fournisseur d’électricité verte Ilek qui, pour chaque mégawatt consommé par ses clients, rachète l’équivalent auprès de petits producteurs locaux d’énergies renouvelables.
Votre électricité ne provient donc peut-être pas de la petite centrale hydroélectrique près de chez vous, mais ce que vous payez permet de la faire vivre. Un deal gagnant-gagnant pour développer ces alternatives.
L’autre manière, c’est le développement l’autoconsommation collective. C’est une pratique soutenue par le gouvernement dans le cadre de la transition énergétique. Comme de plus en plus d’entreprises ou de particuliers s’équipent de panneaux photovoltaïques chez eux, il peuvent donc la partager avec leurs voisins.
“L’autoconsommation est une pratique intéressante car elle fait partie des nouveaux usages de production et de consommation, mais aussi parce que c’est l’un des meilleurs exemples de fonctionnement en circuit-court en dehors de l’alimentation” précise d’ailleurs l’un des dirigeants d’Enercoop à ce sujet.
Le fournisseur - l’un des rares à être distingué par les ONG sur sa proposition d’électricité renouvelable - est l’un des seuls fournisseurs en France à proposer ce modèle à ses clients et co-finançant les installations.
8 fois sur 10, les fleurs vendues en France sont importées de l’étranger, les circuits-courts redonnent vie à cette filière.
La mode responsable se recentre autour du local et de la vente directe
Le local se développe aussi à grande vitesse au sein des filières de la mode et du textile qui doivent se réinventer face aux préoccupations de leurs clients. D’ailleurs, les marques qui proposent du Made in France sont déjà fortement plébiscitées par les consommateurs. C’est le cas de l’emblématique Slip Français, de la marque de Jean 1083 ou encore de la marque de vêtements recyclés Hopaal.
À l’évidence, tout ne peut pas se faire en France dans le domaine du textile, particulièrement vis à vis des matières premières et particulièrement du coton. Mais l’Hexagone possède d’autres atouts.
Par exemple, avec 100 000 hectares de cultures en Normandie et dans le Nord, la France est le premier producteur mondial de lin. On pourrait donc tout à fait créer une filière en circuit-court pour la conception et la vente de vêtements en Lin. Problème ? Jusqu’à cette année, nous exportions notre Lin en Chine pour qu’il y soit filé, et nous faisions revenir ensuite la matière car nos usines ont progressivement disparues du territoire. Ici aussi les choses changent. Une filature de lin, la première depuis les années 1990, vient enfin d'ouvrir ses portes en Alsace pour permettre à cette filière de se réinventer.
Evidemment, le secteur de la mode aura du mal à se rapprocher à 100% de la définition du circuit-court, mais ces initiatives de production locale tendent à s’en rapprocher et évitent à nos vêtements de faire le tour du monde avant d’arriver dans nos dressings.
Le plan de relance de l’économie française présenté au début du mois de septembre prévoit d’ailleurs des fonds pour relocaliser une partie de l’industrie française dans différents secteurs stratégiques. Une manière de pousser les initiatives locales à se développer. On pense par exemple aux produits cosmétiques et produits d’entretien. Récemment, on a vu le lancement de la marque de lessive Spring! dont le modèle de vente se fait directement auprès du consommateur, avec l’envoi à domicile de capsules de lessives écologiques.
C’est aussi ce que propose la plateforme The Trust Society qui fait l’intermédiaire entre les consommateurs et des producteurs français de produits cosmétiques sains et naturels. Autant de possibilités de repenser nos modèles de consommation et de distribution, et de voir émerger à l’avenir des filières courtes sur nos produits du quotidien.