Des espions écolos au service de sa Majesté

Depuis quelques semaines, les agents secrets britanniques ont une nouvelle mission pour le moins originale : ils sont chargés de traquer les plus gros pollueurs du monde, histoire de vérifier si les autres pays tiennent leurs engagements en matière de changement climatique.
  • Le MI6, ça vous parle ? C’est le nom de code (pour Military Intelligence, section 6) des services secrets britanniques, au sein desquels, selon la littérature, a officié un certain James Bond. Créé en 1909, le MI6 est le service de renseignements extérieurs du Royaume-Uni. Ses 3000 espions au service de sa majesté ont vocation à protéger les intérêts vitaux du pays en matière de sécurité et de défense.

    Depuis le début du XXIème siècle, leurs efforts se concentrent sur les menaces terroristes, puisque le Royaume-Uni a été la cible d’une dizaine d’attentats perpétrés par Al-Qaïda ou l’État islamique ces quinze dernières années.

    Polluer n'est pas jouer

    Mais depuis un mois, les agents très spéciaux du MI6 ont une nouvelle mission : ils sont chargés de traquer les plus gros pollueurs du monde, histoire de vérifier si les autres pays tiennent leurs engagements en matière de changement climatique. C’est Richard Moore, le « big boss » du MI6 « himself », qui a fait cette annonce dans une interview accordée fin avril à Times Radio. Et autant dire que ses propos ont fait l’effet d’une bombe.

    « Le principal point du programme de la politique étrangère internationale pour ce pays et pour la planète, c’est l'urgence climatique. »

    « Dans le domaine du changement climatique, où il faut que tout le monde s'engage et joue franc jeu, il faut parfois vérifier que c'est bien le cas, a-t-il expliqué. C'est pourquoi le renseignement extérieur britannique a commencé à espionner les plus gros pollueurs du monde. »

    Ecologiquement vôtre

    « Le principal point du programme de la politique étrangère internationale pour ce pays et pour la planète, c’est l'urgence climatique. Lorsque les gens prennent des engagements en matière de changement climatique, c'est peut-être à nous de nous assurer que ce qu'ils font réellement correspond à ce qu'ils ont signé », a précisé celui qui est connu sous le nom d'agent C.

    Et pour traquer les pollueurs, le MI6 va juste continuer à appliquer sa devise, comme il le fait depuis 110 ans. Et cette devise c’est « Faites confiance, mais vérifiez. » Autant dire que certains pays signataires des accords de Paris, lors de la COP 21 en 2015, ont du souci à se faire...

    Golden...green eye

    Cette décision d’affecter une nouvelle mission d'espionnage « vert » aux agents du MI6, est intervenue quelques jours seulement après que le président américain Joe Biden a promis de réduire les émissions de gaz à effet de serre américaines de 50 % à 52 % d'ici 2030 par rapport à 2005, lors de son sommet virtuel sur le climat réunissant les principaux dirigeants mondiaux.

    L’officialisation de cet espionnage écologique est en tout cas bien la preuve qu’au même titre que le terrorisme ou l’armement, le climat est désormais un réel enjeu de luttes d’influences entre les États. Même si cela n’entraînera pas forcément la création d’une « Green CIA », d’une « DGSE écolo » ou d'un "KGB environnementaliste", cette annonce permettra peut-être aux super-puissances de ce monde de se rappeler que le réchauffement climatique est bien l’ennemi public numéro 1 de toute la planète. 

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