

Des frigos partagés en libre service 24h/24
C'est une première en France qui devrait faire des émules. La municipalité de Saint-André-de-Cubzac en Gironde a installé deux frigos partagés accessibles à tous pour donner les restes de ses cantines scolaires… Au lieu de les jeter.
2021 M06 24
Installés à la sortie de deux écoles élémentaires de cette ville girondine de 12 000 âmes, les 2 frigos partagés rencontrent un franc succès. « On est la première commune en France à avoir testé l’expérience des frigos partagés ouverts à tous avec les restes de notre restauration collective », indique Laurence Pérou, adjointe au maire en charge de l’éducation, à l’initiative du projet. « Nous avons pu donner entre 120 et 200 kg de nourriture par jour depuis novembre dernier ». Faites les comptes : 5 tonnes de denrée alimentaires ont été redistribuées depuis le début de l’opération. Bluffant !
6 tonnes de nourriture jetées à la poubelle chaque année
Tout est parti d’un constat pendant la visite d’une cantine scolaire au début de son premier mandat en 2014. L’élue est choquée par l’ampleur du gaspillage alimentaire. « C’est en voyant une quantité de nourriture impressionnante non servie et jetée, que je me suis dit que ce n’était plus possible et qu’il fallait trouver des solutions alternatives ». Au total, sur tous les établissements de la commune, six tonnes de plats chauds faits maison par les cantines scolaires partaient à la poubelle, soit près de 35 000 euros…jetés par les fenêtres, en quelque sorte.
Problème : à l’époque, le don de nourriture est très contraignant mais tout se débloque en 2018. La législation s’assouplit et elle conseille même aux collectivités de faire des dons alimentaires. « Ce qui était compliqué avant est devenu possible. Aujourd’hui, on peut absolument tout donner de l’entrée jusqu’au dessert, charcuterie, œufs poissons ».
Après une étude de faisabilité auprès d’une association spécialisée dans le gaspillage alimentaire, la commune se lance alors dans l’aventure des frigos partagés sur deux de ses écoles élémentaires. « Un réfrigérateur coûte 1000€, ce qui représente très peu pour une collectivité », souligne Laurence Pérou. « Avant de démarrer, on a fait un appel au don de bocaux en verre pour le conditionnement. On a été submergé… »

Un processus de redistribution rigoureux et efficace
Après chaque service, les cuisinières reconditionnent les restes dans les bocaux en verre collectés. Elles les font redescendre en température dans un local réfrigéré et au bout de 2h, elles les disposent dans les fameux frigos partagés. « Tout est mieux que mettre à la poubelle mais il s’agit exclusivement de plats qui ne sont pas sortis de la cuisine, car dès qu’ils arrivent dans le réfectoire, il n’est plus possible de les donner ». Les frigos sont accessibles 24h/24 dans la rue et ils ne font l’objet d’aucun contrôle. Ils sont vidés dans le 1/4h qui suit le dépôt par les cantinières. « Maintenant, les gens attendent carrément devant les frigos l’arrivée des cantinières. En même temps, c’est triste de constater qu’il y a tant de personnes dont l’ordinaire est si pauvre »
« Souvent ils y laissent des petits mots avec des remerciements »
À côté des frigos, une étagère est à disposition pour retourner les bocaux une fois consommés et les bénéficiaires jouent le jeu : « Ils rapportent les bocaux propres. Souvent ils y laissent des petits mots avec des remerciements ». Mieux : ils se sont servis des lieux pour apporter eux-mêmes des jouets, des vêtements ou des livres à donner. « L’autre jour, j’ai vu une dame - qui prend des bocaux tous les jours - apporter un gros sac de Lego en expliquant que ses enfants devenus grands ne jouaient plus avec. Cette opération génère quelque chose de très spontané et sympathique qu’on n’avait pas vu venir et qu’on va essayer de suivre » poursuit Laurence Pérou.

Le gaspillage alimentaire a été divisé par 6
Dès la rentrée prochaine, la commune va installer des boîtes à livres, des étagères pour les jouets et les vêtements et bien sûr l’expérience des frigos partagés sera étendue aux 5 écoles élémentaires de la commune. Au bout du compte, le gaspillage alimentaire a déjà été divisé par 6 à Saint André de Cubzac. A bon entendeur…D’ailleurs, Laurence Pérou a reçu une centaine d’appels de collectivités ou de communes intéressées par le concept depuis la mise en place de ses frigos !