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Selon une étude de 2018 de la Commission européenne, les mégots de cigarette sont le déchet plastique le plus retrouvé sur nos plages (40% des déchets retrouvés en Méditerranée), juste après les bouteilles en plastique. En 2017 déjà, l’association Surf Rider faisait le même constat, qu’il s’agisse des plages, des fonds marins, des rivières ou des lacs. On estime qu’entre 20.000 à 25.000 tonnes de mégots sont jetés chaque année par terre en France.
Au-delà d’une pollution visuelle il s’agit surtout d’une pollution environnementale : le filtre des cigarettes contient des matières plastiques (acétate de cellulose) et un mégot peut mettre plus de dix ans pour se dégrader dans la nature. Trop petits pour être captés par les stations d’épuration ils finissent trop souvent dans les mers ou les océans. Par ailleurs, le filtre contient plusieurs milliers de substances chimiques (acide cyanhydrique, naphtalène, nicotine, ammoniac, cadmium, arsenic, mercure, plomb) dont certaines sont très toxiques pour les écosystèmes. Résultat : 1 seul mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau.
Aujourd’hui les grandes villes françaises sont totalement asphyxiées par ces mégots. 2 milliards de filtres (350 tonnes) ramassés chaque année à Paris, 500 millions à Marseille, 200 millions à Bordeaux et 100 millions à Lille. Il existe plusieurs initiatives de collecte sur le territoire. Celle de l’association CLOPE (Collecte Locale Organisée Pour l’Environnement) à Montpellier est plus que vertueuse. Ce collectif qui compte aujourd’hui une cinquantaine de membres (ils n’étaient qu’une petite dizaine d’étudiants en droit au début de l’aventure en 2019) organise des ateliers de sensibilisation, milite pour l’installation de cendriers et propose des journées de collecte. La dernière opération de nettoyage, en octobre dernier, a permis de récupérer 20 000 mégots dans les rues de Montpellier en... 1h30 seulement !
Cette année les étudiants du MDPA se sont encore mobilisés pour ramasser les mégots dans Montpellier. Résultat : environ 20 000 mégots ramassés. Un grand merci à @clopemontpellier et à tous ceux qui étaient présents aujourd’hui! pic.twitter.com/n5BYOcQKXk
— Magistère Droit Public Appliqué (@MagistereDPA_UM) October 15, 2022
Mais l’action de CLOPE va plus loin. Elle permet en effet de revaloriser ces déchets toxiques. Grâce à des partenariats signés avec des entreprises comme ÉcoMégot, société bordelaise spécialisée dans la valorisation des mégots. Depuis 2016, cette entreprise sociale et solidaire a développé une solution de recyclage respectueuse de l’environnement. Grâce à celle-ci, il est possible de réutiliser la matière issue du mégot sans utiliser ni eau ni solvant. Cette technique brevetée de recyclage évite de polluer l’eau.
En fait, ÉcoMégot extrait le plastique contenu dans le filtre de cigarette, le mélange avec d’autres matières plastiques recyclées pour créer un nouveau polymère plastique recyclable. Cette nouvelle matière peut alors servir à la construction de panneaux ou de mobiliers urbains, voire même être utilisé comme matériel d’isolation. Plus surprenant, le filtre peut aussi servir à produire de l’énergie. Pour cela, les mégots sont compactés en briquettes, puis incinérés pour produire de l’électricité. Malin en période de sobriété énergétique !