Des séances de méditation collectives avant le conseil municipal

A Castanet-Tolosan, une commune de 13000 habitants située dans la banlieue de Toulouse, les conseils municipaux se déroulent souvent dans la douleur. Pour en finir avec cette sale ambiance, le nouveau maire écolo a instauré des séances de méditation collective au début de chaque séance : et ça marche !
  • "La politique est dégueulasse, parce que les hommes qui la font la rendent dégueulasse." Ces mots, très durs mais sans doute aussi très réalistes, sont ceux de l’ancien Premier ministre Michel Rocard, qui a consacré près de 50 ans de sa vie à la politique. Tout ceux qui se frottent à l’exercice du pouvoir le savent : entrer en politique, c’est partir en guerre. En témoignent les débats télévisés quotidiens houleux entre les chefs de file des différents partis, qui ont pour corollaire de détourner un nombre croissant d’entre-nous des urnes. Ces joutes ne se déroulent pas que sous les feux de la rampe ou entre ténors. Les élus des 35000 communes françaises les vivent aussi au quotidien, à leur petite échelle et dans l’anonymat.

    Une sale ambiance

    A Castanet-Tolosan, comme dans de nombreuses autres villes, les conseils municipaux se déroulent souvent dans la douleur. Pour en finir avec cette sale ambiance, le nouveau maire écologiste de cette commune de 13000 habitants située dans la banlieue de Toulouse, a eu une idée de génie. Depuis le mois d’avril dernier, Xavier Normand a en effet décidé d’instaurer des séances de méditation collective au début de chaque séance.

    L’édile a confié cette mission à son adjointe déléguée à l’enfance, à la jeunesse et aux sports, Emilie Desmons-Costes, qui, dans la vie civile, officie en tant que masseuse énergéticienne.

    "Un petit temps de centrage"

    "Je vous propose de prendre un petit temps de centrage. C’est simplement afin de prendre tout notre temps pour arriver vraiment dans cette salle et de rassembler toute notre attention et notre concentration pour le bon déroulement de cette réunion", a exposé la jeune femme en prologue du conseil municipal, en expliquant que le but de cet exercice était que tous mettent "le meilleur d’eux-mêmes" au service de la ville.

    "J’inspire, je sais que j’inspire"

    Passé l’instant de surprise, les élus se sont prêtés au jeu. Les yeux fermés, ils se sont laissés guider par l’adjointe au maire. "Réajuster la façon dont nous sommes assis, mettre nos pieds à plat sur le sol, sentir sa colonne vertébrale se redresser mais la garder souple. Fermer les yeux quelques secondes, afin de respirer en conscience. J’inspire, je sais que j’inspire. J’expire, je sais que j’expire", leur-a-t-elle doucement soufflé.

    Après deux minutes de "temps calme", le conseil municipal s’est déroulé dans la douceur et il n’a duré que 2 heures et quart contre 6 heures pour le précédent, durant lequel de vives tensions avaient éclaté. Même si cette initiative a été raillée par de nombreux trolls sur les réseaux sociaux, la municipalité écologiste souhaite reconduire ce temps de méditation collective lors des prochains conseils.

    Xavier Marchand, le maire EELV, avait instauré ce rituel avant chaque réunion pendant sa campagne électorale et en avait mesuré les effets bénéfiques. Selon lui, ce petit temps de centrage est un excellent moyen de faire baisser les tensions et de faciliter les discussions apaisées. Il espère désormais que son initiative va faire des petits et, qui sait, inspirer, les grands. Une séance de méditation collective guidée par le moine bouddhiste Matthieu Ricard en préambule du débat télévisé présidentiel de 2022, ça aurait de la gueule et ça détendrait sacrément l'ambiance, non ? 

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