2021 M10 27
Si vous vous baladiez dans les rues du 10e arrondissement de la capitale autour du Pari’s des Faubourgs samedi 23 octobre dernier, vous avez peut-être pu observer de curieuses allées et venues de personnes avec une cafetière, un grille-pain ou un petit téléviseur sous le bras. Leur destination ? Un atelier de réparation, ou Repair Café, organisé dans ce centre social et culturel.
Trois heures par mois, des bricoleurs bénévoles accueillent celles et ceux qui se retrouvent impuissants face à un appareil qui a rendu l’âme. Équipements informatiques, électriques ou électroménagers : tout ce qui est potentiellement réparable est pris en charge par les experts de l’association. Cela fait maintenant 3 ans que Patrick Voegeli, en charge de l’antenne du 10e, s’est lancé dans cette aventure. Et si sa rencontre avec les équipes du Repair Café Paris a été décisive, c’est la dimension humaine et écologique qui a fini par le convaincre de tenter l’expérience.
Des ateliers comme le sien, il en existe plusieurs centaines à travers la France. Une initiative qu’il est nécessaire de défendre quand on sait que seulement 40% des appareils électriques et électroniques en panne ont été réparés en France, comme on le soulignait déjà en février 2021. Et si pour 68% des Français, le coût est le principal frein à la réparation d’un objet, ce n’est pas un problème ici : elle est effectuée gratuitement.
« Le Repair Café regroupe les trois composantes du développement durable : économique, sociale et environnementale. »
Des rencontres centrées sur le partage et l’humain
Les bénévoles sont motivés par ce « plaisir de faire revivre des objets » comme nous l’explique Philippe Guérard, un bricoleur engagé de la première heure. Un bonheur partagé par Dorota, une habitante de Colombes qui a fait le déplacement avec l’espoir de faire réparer son hachoir, un objet qui lui tient à cœur. « Il a une valeur sentimentale, c’est mon papa qui me l’a donné » nous confie-t-elle. Il aura fallu moins d’une heure à la bénévole chargée de la réparation pour redonner à cet appareil un second souffle. « Ça fonctionne » se réjouit-elle.
Ces ateliers sont souvent l’occasion de faire des rencontres. « On a des gens qui viennent au moins autant pour bavarder que pour faire réparer un objet, même chez les bricoleurs » précise Patrick Voegeli. Et si les bénévoles aiment partager leurs connaissances avec les participants, également acteurs de la réparation, ils échangent aussi entre experts pour apprendre les uns des autres. C’est pourquoi il n’est pas rare d’en voir certains venir donner un coup de main dans les différents ateliers. Comme Emmanuel Vallée, l’organisateur du Repair Café du 9e arrondissement, présent ce 24 octobre. « Il y a beaucoup d’entraide entre les bénévoles, ça fait partie du principe de l’association ».
Emmanuel Vallée en pleine réparation d’une liseuse électronique.
Le Repaire des bricoleurs engagés contre la surconsommation
L’aventure Repair Café a débuté à Amsterdam en 2009, sous l’impulsion de Martine Postma. Depuis, son initiative s’est développée dans le monde entier. À l’origine, son ambition était de se positionner contre cette culture du tout-jetable. Une réalité toujours d'actualité quand on sait qu’en 2019, on a collecté en France plus de 850 000 tonnes de déchets liés aux équipements électriques et électroniques, selon l’ADEME. Et si une personne sur deux affirme avoir déjà réparé au moins une fois un appareil électroménager, 54% des Français choisissent plutôt de le remplacer s’il tombe en panne.
Grâce aux ateliers de réparation, « on évite de toujours ressortir des matières nouvelles alors qu’on peut se resservir d’objets qui peuvent être réparés » insiste Patrick Voegeli. Une phrase qui fait particulièrement écho à l’heure où les pénuries de matières premières s’enchaînent et où certains pays sont noyés sous les déchets des autres.
À l’occasion de la Semaine Européenne de Réduction des Déchets (SERD), le Repair Café Paris organise un « Repairathon » les 27 et 28 novembre prochain, à l’antenne du 17e arrondissement. Un événement qui se base sur le même principe que les ateliers, libre d’accès et gratuit, sauf qu’il dure pendant 24h non-stop. « Ça peut donner de la visibilité à nos actions et resensibiliser le public à la réparation, car le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas » rappelle Emmanuel Vallée. Si vous avez un objet à réparer et que vous êtes en région parisienne, c’est l’occasion de participer à cet événement.