2021 M02 10
L’obsolescence programmée est un fléau dénoncé depuis longue date par les associations de consommateurs. Il s’agit d’ailleurs d’un délit puni par la loi depuis 2015 mais qui continue pour autant d’exister. Ainsi, un rapport présenté en 2019 par l’association HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée) dénonçait par exemple que la durée de vie moyenne d’un lave-linge, en France, est de seulement 8 ans.
8 ans, c’est peu, mais c’est aussi que nous n’avons plus le réflexe de la réparation et une tendance souvent trop rapide à racheter systématiquement tout ce qui ne fonctionne plus. Or, dans le cas des lave-linge, le chiffre est édifiant : 50% des pannes peuvent être réparées sans même avoir besoin de pièces détachées. Mais encore faut-il le savoir… et savoir comment réparer.
« D'après l'ADEME, si la durée de vie moyenne de l’ensemble des télévisions était augmentée d’un an, passant de huit à neuf ans, le gain environnemental serait de 1,7 million de tonnes de CO2, soit les émissions annuelles d’une ville comme Lyon. »
Un score pour éclairer les consommateurs dans leurs achats
“La mise en place de l’indice de réparabilité, via l’adoption de la loi anti-gaspillage, permettra d’aller dans ce sens. Plus le consommateur sera informé, plus il sera en mesure d’agir ” précise à ce sujet Guy Pezaku, CEO de Murfy, une startup dont le crédo est justement d’aider les français à réparer leur appareils électroménagers pour leur éviter le ré-achat de produits neufs. Et si de plus en plus de tutoriels vidéos, de repair café ou de fablab émergent, cet indice pourrait avoir un véritable impact pour changer les mentalités.
Alors que les méthodes de scoring se multiplient dans le domaine alimentaire avec le nutri-score et, récemment, l’éco-core, le gouvernement impose désormais aux fabricants de produits électriques et électroniques d’afficher en magasin un score de réparabilité. L’objectif de ce dispositif ? Sensibiliser davantage les consommateurs à la réparation, mais aussi contraindre les marques à plus de transparence sur le sujet.
Pour ce faire, un code couleur allant du rouge au vert (en passant par l'orange, le jaune et le vert) sera appliqué sur l’étiquette du produit en fonction de la note obtenue par le produit qui est une moyenne de 5 critères :
- l’accessibilité de la documentation technique,
- le caractère démontable de l’équipement,
- les durées de disponibilité sur le marché des pièces détachées,
- les délais de livraison et le prix de vente des pièces détachées,
- l’information sur la nature des mises à jour, l’assistance à distance sans frais et la possibilité de réinitialisation logicielle.
« Seuls 35% des français ont recours à la réparation pour le gros électroménager, un chiffre qui tombe à 28% pour les petits appareils électroniques. »
Un autre indice se prépare concernant la durabilité des produits
Dans la foulée de l’indice de réparabilité, le gouvernement réfléchit à la possibilité de créer un autre indicateur pour la durabilité des produits. Une manière de noter la fiabilité et la robustesse des produits qu’on achète, ce qui serait très intéressant du point de vue du consommateur.
Cet indice de durabilité — qui intégrera aussi des critères liés à l'éco-conception — pourrait être mis en oeuvre à partir de 2023, alors que nous bénéficierons d’un recul sur l’adoption et les avantages apportés par l’indice de réparabilité. Des outils qui, espérons-le, permettront de lutter contre l'obsolescence programmée et nous aideront à mieux consommer.