2022 M09 21
Les mauvaises habitudes ont la vie dure et nous sommes encore (trop) nombreux à aller travailler seul dans notre voiture, 3 français sur 4. Mais depuis le début de la guerre en Ukraine la flambée des prix des carburants nous pousse à chercher des alternatives à cette hérésie pour la planète. Résultat : au premier semestre 2022 le covoiturage de proximité a atteint des records jamais réalisés en France (400 000 trajets par mois), avec un pique en mars de + 54%. Ce qui nous rapproche des 560 000 trajets mensuels pré-COVID.
Le covoiturage de proximité est la parfaite réponse au conducteur seul dans sa voiture, il complète une offre de transports publics qui peut faire défaut sur certains secteurs ou ne dessert pas le dernier kilomètre. Avantage : c’est une solution de mobilité supplémentaire sans investissement important et à coût réduit pour les usagers. Inconvénient : les applications de mise en relation doivent atteindre une masse critique d’utilisateurs. Mais il y a d’autres freins. Sur les courtes distances, les conducteurs ne veulent pas s’imposer un détour pour aller chercher un passager. Enfin, on veut pouvoir rentrer de son travail quand on veut, sans contrainte horaire.
Aujourd’hui la vingtaine d’applications de mise en relation qui occupe ce marché sont en surchauffe, comme pour rattraper des années de retard. Mais rien n’est acquis, il s’agit d’un marché hyper concurrentiel, où beaucoup se sont cassé les dents. L’échec le plus retentissant de ces dernières années a été celui de Sharette. La start-up a été sélectionnée par la RATP pour offrir en région parisienne une solution de court-voiturage aux usagers du RER A. Mais l’appli n’a pas pu répondre à la forte demande faute de conducteurs. Quelques mois plus tard, elle a cessé son activité. Et puis surtout, ce marché ne représente encore que 1% des déplacements en voiture. En effet, avec la hausse des prix des carburants les conducteurs ne s’y retrouvent pas financièrement, puisque la loi « transition énergétique » impose le seul partage des frais.
La solution : plus d’implication des employeurs mais aussi des incitations financières des collectivités. Car la massification reste la clé : plus de salariés d’un même site déposent d’offre, plus il y a de possibilités de covoiturage. Klaxit, un acteur majeur du marché, a fait le choix de s’appuyer sur les entreprises pour convaincre leurs salariés. Pour atteindre une « masse critique » suffisante afin que chaque passager trouve un conducteur, Klaxit estime qu’il faut compter 300 utilisateurs sur un même site, le chiffre idéal étant plutôt de 500.
Du gagnant-gagnant, pour le conducteur, pour le passager mais également pour la planète
Côté collectivités, Troyes, Beauvais ou Nantes subventionnent déjà les trajets. Résultat : les passagers voyagent gratuitement ou presque, tandis que les conducteurs gagnent entre 2 et 4 euros par passagers transportés. D’ailleurs, les passagers ne sont pas les seuls à faire des économies. Le covoiturage revient entre deux et cinq fois moins cher aux collectivité qu’un bus. C’est le crédo d’Ecov, l’entreprise qui propose la mise en relation en temps réel entre conducteurs et passagers. Ses dirigeants préfèrent même parler « d’auto-stop urbain connecté ». Les conducteurs lancent l’application et, durant leur trajet, ils voient apparaître les piétons allant dans la même direction et souhaitant covoiturer. Le but : remplacer le manque de transports en commun en zone rurales et périurbaines, où il ne reste que l’automobile pour se déplacer.
Et puis, le levier ultime au succès du covoiturage est de lui réserver des voies de circulation. Après l’Ile-de-France et la région grenobloise en 2020, de nombreuses métropoles l’ont également déjà mis en place ou l’envisagent sérieusement (Lyon, Nantes, Toulouse, ...). Et ça c’est une bonne nouvelle.