2021 M04 28
Les pneus sont aujourd'hui fabriqués à partir de matériaux qui proviennent pour la plupart de l’industrie pétrochimique. Outre la pollution liée à leur fabrication, leur utilisation est également une source de pollution atmosphérique. Selon une étude parue fin 2019 dans le Los Angeles Times, l’usure des pneus de voiture serait la principale source de pollution aux microparticules de plastique dans la baie de San Francisco.
En effet, vous avez beau être un conducteur hors pair, à chacune de vos accélérations ou de vos freinages, vos pneus laissent sur le sol des fibres ou particules de gomme qui sont ensuite balayées par la pluie mais aussi par le vent en direction des égouts et des fossés puis des cours d'eau et de la mer.
Face à cette problématique, plusieurs fabricants ont décidé d’investir massivement dans la recherche afin de concevoir des pneus écologiques. Dans cette optique, Michelin table sur deux hypothèses : l’utilisation de biomatériaux mais aussi la conception via des imprimantes 3D de pneus dont la durée de vie serait plus importante.
« D’ici à 2050, 80% des matières premières utilisées dans nos pneus seront durables »
Florent Menegaux - Michelin
Matériaux naturels et impression 3D, le combo parfait ?
En 2017, le fabricant français présentait par exemple son projet Vision Concept : un pneu dont la structure est inspirée du corail. Si sa structure est toujours composée de caoutchouc, elle est aussi faite de matières entièrement recyclables ou biodégradables telles que le papier, l’aluminium, le bambou ou encore les écorces d’oranges. Les bandes de roulement sont imprimées en 3D et peuvent être recyclées et réimprimées lorsque le taux d’usure du pneu est trop important.
De son côté, la firme Goodyear ne se laisse pas devancer sur le sujet du pneu écolo. Elle proposait en 2018 son projet Oxygene. Également imprimé en 3D, ce pneu futuriste est doté d’une structure en partie composée de mousse végétale. De quoi garantir une meilleure adhérence mais aussi de “nettoyer l’air” selon les ingénieurs de chez Goodyear. Comment ? Grâce au pouvoir absorbant de la mousse végétale, qui permet de récupérer l'humidité de la route et d’enclencher un mécanisme de photosynthèse pour transformer le CO2 en oxygène.
Fort de ces innovations, en 2019, Florent Menegaux, président du groupe Michelin, annonçait que “d’ici à 2050, 80% des matières premières utilisées dans nos pneus seront durables”. Mais à quelles matières peut-il bien faire référence ?
Une alternative naturelle existe déjà depuis quelques années : le caoutchouc naturel issu de la culture de l’hévéa. Cependant, 90% de ces cultures sont situées en Asie. Une alternative écologique donc, mais sans doute pas pour la France puisque son importation implique une lourde empreinte carbone.
Le pissenlit pourrait être utilisé pour créer une sorte de caoutchouc naturel
Des matériaux naturels c’est bien, des biomatériaux locaux c’est encore mieux !
Heureusement, d’autres alternatives plus locales émergent. Michelin mise notamment sur la betterave sucrière pour créer du butadiène, utile à la fabrication de caoutchouc synthétique. D’autres alternatives permettent de fabriquer des pneus écolos : la résine issue d’huile de tournesol ou d’écorces d’agrumes, par exemple.
La marque Continental a fait le choix, depuis 2014, de miser sur le pissenlit. L’entreprise a présenté un premier prototype de pneu en pissenlit en 2014, puis un second en 2016, et ambitionne l’industrialisation de ces pneus écologiques dans les 10 prochaines années après avoir injecté plusieurs millions d’euros en 2019 dans un laboratoire R&D destiné à faire décoller le projet.
Autant d’initiatives qui laissent penser que nos pneus du futur vont bientôt se mettre au green.