Recycler du nylon pour nettoyer les océans

Quand Wallace Carothers synthétise pour la première fois le nylon en 1935, le jeune chimiste américain ne se doute pas qu’il vient d’inventer une des matières les plus polluante de l’histoire. Aujourd’hui, une alternative vertueuse existe, et en plus elle nettoie les océans !
  • « Nous avons largement sous-estimé les difficultés que nous allions rencontrer en nous engageant dans ce périple. Et, j’ai envie de dire heureusement, car si nous avions tout su, nous ne l’aurions peut-être pas fait. Certains m’ont traité de fou, peut-être que je n’étais pas fou mais tout simplement ignorant, et finalement j’ai été assez chanceux de l’être ». Giulio Bonazzi, n’est ni un fou, ni un ignorant mais plutôt un patron visionnaire. Son but : trouver une matière de substitution au nylon, fabriqué à base de pétrole, qui fait les beaux jours de son entreprise, installée dans le nord de l’Italie, depuis 1950.

    Changer de business model

    L’histoire de Giulio, le boss d’Aquafil, c’est l’histoire d’un homme qui vit avec son temps et veut créer un produit au cycle vertueux. Il a alors l’idée de récupérer les filets de pêche qui polluent les océans pour les recycler et créer une nouvelle matière première, un nouveau fil de nylon.

    D'après la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, les filets de pêche usagés peuvent dériver pendant plus de 500 ans en mer. On estime que 100 000 animaux (baleines, tortues, oiseaux, poissons...) meurent chaque année, étranglés ou étouffés dans ces pièges. Une étude dirigée par la Ocean Cleanup Foundation révèle que 46% des déchets trouvés dans les océans sont ces « filets-fantômes », chaque bateau de pêche en rejetterait jusqu’à 30 km par voyage !

    Alors, en 2007, Giulio créé au sein d’Aquafil une unité opérationnelle - Energy and Recycling - qui travaille sur les thèmes de l’usage des énergies vertes, du recyclage des déchets et du développement de produits recyclés.  En 2011, après 4 années de développement et de collaboration avec des chercheurs européens et américains, naît ECONYL : un nylon fabriqué, entre autres, à partir de ces déchets de filets de pêche trouvés en mer. D’ailleurs, pour les récupérer Aquafil a noué plusieurs partenariats dans le monde et récupéré, entre 2013 et 2018, près de 453 tonnes de filets abandonnés. L’entreprise est aussi partenaire de l’initiative Net-Works qui récupère des filets abandonnés aux Philippines et au Cameroun, en coopération avec les villages de pêcheurs locaux.

    C’est bon pour la planète

    Impact environnemental pour la planète : la production de 10.000 tonnes d’ECONYL permet d’économiser 70.000 barils de pétrole et permet une réduction de 55 % des émissions de CO2 dans l’atmosphère. Soit un impact sur le réchauffement climatique réduit de 90% par rapport à un nylon standard issu du pétrole. Ce qui en fait un produit unique au monde. « Nous parlons de régénération plutôt que de recyclage, car les caractéristiques, la qualité et les performances de notre nouveau nylon ne sont jamais dégradées et reste toujours les mêmes ».

    ECONYL est utilisé aujourd’hui dans les secteurs du textile, de la mode et du design d’intérieur, pour la fabrication de tapis et moquettes, des textiles d’intérieur, des vêtements (maillots de bain, vestes, vêtements de sports, prêt-à-porter…) et des accessoires (sacs, lunettes…).

    Et en bon patron visionnaire Giulio Bonazzi ne souhaite pas en rester là. Depuis 3 ans, Aquafil travaille avec une start-up californienne sur le développement d’un nylon issu de plantes bio.

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