2021 M03 24
Rien qu’à Marseille, le gaspillage alimentaire représente 2 200 tonnes par an. Alors, depuis décembre 2020, les invendus ont droit à une seconde vie grâce à l’association « Fruits et légumes solidarité ». L’idée : mettre les fruits et légumes qui n’ont pas été vendus en bocaux. Pour ce faire, une équipe de 9 personnes, dont 6 en emploi d’insertion, fait le tour des marchés et des grossistes et récupère les denrées avant qu’elles ne soient jetées.
L’association a ouvert un atelier de transformation alimentaire au nord de Marseille, dans l’enceinte du Marché d’Intérêt National des Arnavaux (MIN), le vaste marché de gros où s'écoule une partie de la production agricole des Bouches-du-Rhône. Un outil unique en son genre. L’association y a installé des machines professionnelles pour transformer et conditionner les produits frais de diverses manières. Ils peuvent être mis sous vide, congelés ou stérilisés en bocaux, facilitant ainsi stockage et distribution. Et bien-sûr transformés en d’excellentes confitures, jus, soupes, sauces, produits surgelés cuits ou crus…
70% des produits qui sortent de l’atelier de transformation « Fruits et légumes solidarité » sont ensuite redistribués dans le circuit solidaire de la banque alimentaire, à destination des plus démunis. Les 30% restants sont vendus au grand public, afin d'équilibrer un modèle économique pour l'instant dépendant des aides publiques. En effet, les 800 000 euros de l'investissement initial pour créer l'atelier ont a été financés à 98 % par le Conseil départemental.
D’autres initiatives du même genre existent en France, comme le « Potager de Marianne » à Rungis, au cœur du plus grand marché de produits frais au monde ou encore à Lille ou Perpignan. Mais à Marseille « Fruits et légumes solidarité » est la seule à proposer une transformation sur place. L’association s’est basée sur le modèle des « Paniers de la mer », qui récupèrent et transforment depuis longtemps des poissons invendus dans les criées sur le littoral nord-ouest.
Marseille au bord de l’urgence humanitaire
En France, le Secours populaire a recensé en 2020, une hausse de 45 % des demandes d'aide alimentaire qui s’explique notamment par les crises sanitaire et économique. Au total, 8 millions de personnes, soit environ 10 % de la population française, a eu besoin de cette aide pour vivre (contre 5 millions en 2018). Dans les Bouches-du-Rhône, la banque alimentaire a distribué 4 700 tonnes l’année dernière, soit 1 000 tonnes de plus qu'en 2019. D’ailleurs, Marseille, grande ville la plus pauvre du pays, est au bord de l'urgence humanitaire, selon plusieurs ONG.