2020 M10 19
« Où trouvez-vous des joueuses noires ? » La question, posée par certains studios rencontrés par Jennifer Lufau, pourrait faire sourire si elle n’était révélatrice de discriminations présentes dans l’industrie du jeu vidéo. Difficile pour beaucoup d’imaginer autre chose qu’une masse de jeunes hommes blancs derrière des manettes ou des claviers, absorbés par leurs écrans.
Depuis juillet 2020, cette freelance en marketing a réussi à bousculer, à son échelle, certains préjugés liés aux gameurs avec « Afrogameuses », plateforme dédiée aux femmes afrodescendantes joueuses de jeux vidéo. S’il existe des initiatives dans les pays anglophones, notamment les États-Unis, aucune structure francophone n’avait encore été fondée.
Fun fact : les gens ne sont pas habitués à voir des #afrogameuses. Et si on changeait ça ? L'idée est de faire de la curation d'images de filles et femmes noires qui jouent à des jeux vidéos (sur PC, console ou smartphone). Qu'en pensez-vous ? Bonne idée ou folie passagère ? pic.twitter.com/xpYwMkFnyP
— Afrogameuses 🎮 (@afrogameuses) September 9, 2020
Grâce à ses comptes Instagram et Twitter, elle choisit de mettre en avant celles qui ont trop longtemps été ignorées ou rejetées, par racisme et par sexisme. « Les personnages de femmes noires, quand il y en a, ne sont pas indépendants, n’ont pas de réelle histoire et ne sont pas jouables. »
Amatrice de League of Legends, Tekken ou encore Mortal Kombat, Jennifer Lufau a su se faire une raison, malgré le manque de représentativité : « Quand on est gameuse, on fait avec ce qu’on a. On joue pour le gameplay. Mais on peut commencer à compter sur les jeux indépendants pour faire bouger les lignes, avec de plus en plus de femmes et de minorités. »
Afrogameuses deviendra prochainement une association. D’ici là, la communauté s’agrandit. Paris accueillera même le premier festival tech afro-caribéen, Akwaaba Fest, en 2021. Jennifer Lufau est déjà en contact avec la fondatrice et compte bien y participer.