2021 M06 2
Dans le nord-ouest de l’océan Atlantique se trouve une zone appelée "mer des Sargasses". Une zone remplie d’algues brunes qu’évoquait déjà Christophe Colomb à son époque.
Oui mais voilà, depuis cette zone s'est considérablement étendue, et va désormais du golfe du Mexique jusqu’aux côtés de l’Afrique de l’Ouest en passant par les Caraïbes. À cause du réchauffement climatique, au cours des 10 dernières années, le nombre de ces algues a été multiplié par 10.
Et on ne sait plus vraiment comment les traiter, ce qui devient un réel problème sanitaire et écologique.
L'accumulation de sargasses sur une plage des Caraïbes
Rien qu'à Saint-Barthelemy, près de 10 000 tonnes d'algues chaque année
Lorsque ces algues s'accumulent sur les plages et sèchent, elles dégagent de l’hydrogène sulfuré et de l’ammoniac. Deux gaz toxiques responsables de maux de tête, nausées, vomissements et même de troubles respiratoires. Leur accumulation peut ainsi entraîner la mort pour les humains et bon nombre d'animaux.
Et il est de plus en plus difficile de s'en occuper étant donné que leur nombre s'accroît chaque année. Sur l’île de St Barthélemy, par exemple, près de 9 200 tonnes ont été ramassées en 2019 et 8 600 tonnes l’année précédente.
Mais que faire de ces algues une fois ramassées ?
Certains les utilisent comme engrais pour l’agriculture, mais cette technique a ses limites car les sargasses peuvent aussi polluer les sols lorsqu’elles se désagrègent. Par ailleurs, impossible de valoriser autant d'algues en engrais. Elles continuent donc de s'accumuler sur les plages du monde.
Mais depuis peu, une solution émerge grâce à un inventeur français. Et cela pourrait tout changer.
Pierre-Antoine Guibout pourrait transformer toutes ces algues en cartons et papier
Un inventeur français pourrait transformer les sargasses en papier et carton
Pierre-Antoine Guibout est installé à Saint-Barthélemy depuis huit ans. Il a mené de longues recherches pour tenter de trouver une valorisation à ces algues et a réussi à en faire une sorte de pâte à papier.
Des analyses ont démontré que la pâte obtenue à partir de la sargasse a les mêmes propriétés cellulosiques et les mêmes teneurs en métaux lourds que le papier et carton traditionnel. Ce qui ouvre la voie à une nouvelle forme de valorisation pour ces algues.
Dans les prochains mois, l’inventeur compte notamment installer une fabrique « pilote » qui, grâce à ses 150 mètres carrés de surface, devrait traiter 6 000 tonnes d’algues et les transformer en plaques de papier de 250 kilos chacune.
Une matière première qui sera ensuite livrée aux industriels intéressés par la fabrication de matériaux plus respectueux de l’environnement. Des unités de production pourront par la suite être dupliquées sur d’autres îles des Caraïbes notamment en Guadeloupe et en Martinique.
Et demain, c'est peut-être grâce à ces algues que nous ferons nos déménagements.