E-commerce : comment faire pour que le colis réutilisable fasse un carton ?

1,5 milliard : c’est le nombre de colis qui ont été envoyés en 2020 en France. Avec l’explosion du e-commerce, ces emballages s’empilent dans nos poubelles. En constante évolution, ce secteur commence à peser lourd dans la balance écologique. Recyclées ou réutilisables, quelles sont les alternatives à cette source de pollution supplémentaire ?
  • Peut-être avez-vous été amené à faire vos cadeaux de Noël en ligne cette année. Plus simple et plus rapide, le e-commerce permet aussi d’éviter le monde dans les magasins et l’attente en caisse. À cela s’ajoutent les comparatifs et les avis des clients qui renforcent l’expérience d’achat. Des avantages qui nous feraient presque oublier son impact sur la planète.

    En 2020, la vente en ligne représente 1,5 milliard de colis en France, selon l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep). Un chiffre qui ne cesse d’augmenter depuis plusieurs années (+12,4% par rapport à 2019), renforcé par le début de la crise sanitaire qui a intensifié et imposé cette pratique.

    Les emballages : le défi écologique du e-commerce

    Le confinement et le télétravail ont changé en profondeur les façons d’acheter des Français.es. L’augmentation de la consommation à domicile et du e-commerce a entraîné une hausse de 4% des volumes d’emballages en papier-carton en 2020, selon l’organisme spécialisé dans le tri et le recyclage Citeo. Du coup, le nombre de déchets de la vente en ligne explose. On estime à 3 jours la durée de vie d’un colis avant d’être jeté.

    Les commandes sont majoritairement emballées dans du carton. Rigide et léger, il est aussi facile à recycler. Enfin ça, c’est sur le papier, puisque seulement 64% des emballages en carton l’ont été. En cause : la crise que traverse cette filière. Les déchets se retrouvent alors incinérés ou enfouis. Sans oublier que ce matériau n’est pas recyclable à l’infini et que ce processus est très gourmand en énergie et en eau.

    Dans les autres cas, c’est le plastique qui est utilisé pour envoyer les colis, notamment pour les vêtements. Ce n’est pas un secret, cette matière très polluante est difficile à recycler : le taux global de recyclage de ces conditionnements n’est que de 28% (7,5% si on enlève les flacons et les bouteilles). Sans compter que 20% des emballages plastiques ne sont pas du tout recyclables, comme le rappelle Citeo.

    Un engagement français pour un e-commerce plus « vert »

    Pour répondre à cette problématique, 14 acteurs de la vente en ligne, dont CDiscount, Veepee, La Redoute et Fnac Darty, ont signé une charte en juillet 2021, avec le ministère de la Transition écologique et le secrétaire d’État de la Transition numérique et des Communications électroniques, dans laquelle ils s’engagent à réduire l’impact environnemental du e-commerce. 

    Concernant les emballages, ils vont mener des actions pour réduire leur taille « pour au moins 75% des produits ou des colis » d’ici fin 2024. Ces entreprises promettent également d’éviter le gaspillage. Si certaines proposent aux consommateurs de livrer le produit uniquement dans son emballage d’origine, sans carton supplémentaire, toutes s’engagent à utiliser des conditionnements « en matières principales recyclées, recyclables ou réutilisables ».

    L’emballage réutilisable, le futur du e-commerce ? 

    C’est cette dernière notion qu’il est important de souligner. Au vu des ralentissements que rencontre la filière du recyclage depuis le début de la crise sanitaire, certaines entreprises ont imaginé des solutions réutilisables, fabriquées dans une matière résistante et lavable. Car le meilleur déchet, ça reste celui qu’on ne produit pas. C’est le cas par exemple avec Opopop

    Cette start-up française a vu le jour en 2020 pour trouver une alternative aux emballages plastiques. Elle propose aux commerçants des pochettes en tissu imperméable upcyclé, réutilisables jusqu’à 100 fois. Le consommateur qui reçoit son colis a 15 jours pour renvoyer l’emballage en le déposant dans n’importe quelle boîte aux lettres de La Poste, faute de quoi une consigne de cinq euros lui sera prélevée.

    « On rêve que choisir le colis réutilisable soit aussi normal que d’emmener un totebag pour faire ses courses ou boire sa bière dans un gobelet consigné. »

    Cette solution a déjà fait ses preuves : 97% des utilisateurs renvoient leurs colis et environ 5000 pochettes sont en circulation. Elle reste néanmoins assez chère pour les marques. Elle coûte entre 1,65€ et 2,15€ en fonction de la taille de la pochette, c’est dix fois plus que les emballages à usage unique.

    Mais cet engagement écologique pourrait se montrer décisif pour des consommateurs de plus en plus concernés par les problématiques environnementales, notamment chez les nouvelles générations. Puisque les grands acteurs du e-commerce devront prendre en compte ces enjeux, il ne reste plus qu’à les convaincre d’abandonner le tout-jetable pour passer au réutilisable.