2023 M12 7
Vous aimez les patates ? Vous n’êtes pas seul.e : la consommation mondiale annuelle dépasse les 11 milliards de kilos. On engloutit près de 350 kilos de frites industrielles par seconde. Gloups. Vous trouvez ça salé ? La planète aussi : il faut rajouter à ces chiffres toutes les patates jetées, parce qu’elles n’ont pas le bon calibre, sont abîmées ou ont germé.
En général, quand la pomme de terre germe dans son champs, les agriculteurs coupent la plante qui fleurit et la laissent pourrir puisqu’elle ne sert à rien. Dommage, car cette plante pourrait servir de fibre. Et c’est d’ailleurs exactement ce que se sont dit deux Anglais.
Leur startup s’appelle Fibe, car c’est ce qu’ils ont inventé : une fibre textile cellulosiques extraite des déchets des champs de pommes de terre. Elle est aussi solide que la fibre de chanvre, résiste à l’eau, aux fortes températures et repousse les microbes.
Riche en fibres
Brevetée sous le nom Patacel, cette fibre est alors tissée en textile dont on peut faire des habits. Ce que les Londoniens de Fibe se sont empressés de faire pour démontrer l’intérêt de la démarche. Car, voyez-vous, non content de nous débarrasser des déchets agricoles des plantations de pomme de terre, la production de Patacel a un impact positif sur l’environnement.
Hé oui : quand le coton réclame des hectolitres d’eau pour pousser, la production de Patacel consomme moins d’1% de cette eau et rejette 82 % de CO2 de moins que qu’un champ de coton. Sans compter que Patacel ne nécessite pas de terres dédiées à sa production – autant laisser les champs aux cultivateurs de patates.
Vous préférez les fibres synthétiques ? Ha c’est sûr, le plastique ne consomme pas d’eau. Juste du pétrole... On s’est compris ?
Il est frit, il a tout compris
Vous pouvez encore ajouter que la fibre Patacel est aisément recyclable et que, si votre pull venait à finir dans un ruisseau ou en mer, il se biodégraderait. Logique, puisque c'est 100% naturel et fabriqué sans produit chimique...
Si tout cela vous semble gadget, on va rappeler quelques évidences : avec 1,2 milliards de tonnes de gaz à effet de serre, la mode est un des secteurs économiques les plus polluants. Récolté en Afrique ou en Inde, rapporté en Asie pour être confectionné et revendu en Europe et Amérique, le coton de nos vêtements est accusé de contribuer à hauteur de 15 % du réchauffement climatique et polluerait jusqu’à 70 % des eaux en Chine selon l’enquête Dirty Laundry de Greenpeace.
Opter pour une fibre naturelle et faite de déchet est une urgence dans la lutte pour sauver la planète. Mais ça vous l’avez déjà compris, à moins d’avoir le crâne vide de Monsieur Patate.