Une prime pour réparer au lieu de jeter !

Les Toulousains qui font réparer leurs objets en panne reçoivent une prime pouvant aller jusqu’à 100 €. Une démarche éco-responsable organisée par la ville de Toulouse, qui tente de limiter le gaspillage. L’objectif est double : baisser la facture de réparation et soutenir l’activité des artisans locaux. Une belle initiative qui devrait faire des petits.
  • Ce que l’État peine à mettre en place depuis la loi anti-gaspillage de 2020, la ville de Toulouse le pratique depuis 2 ans avec succès : une prime à la réparation de nos objets du quotidien. Smartphones, tablettes, ordinateurs, télés, mais aussi outils de jardinage, montres et depuis le 10 février instruments de musique. Concrètement, cette « prime réparation » permet aux particuliers d’obtenir une aide de 100 euros maximum, afin de financer 30 % du montant d’une réparation de matériels, d’équipements ou de biens manufacturés. Première condition : la réparation doit être réalisée chez un artisan du réseau des Répar’acteur, déployé par les Chambres de métiers et de l’artisanat et l’Ademe (800 membres en Occitanie). Seconde condition : la prime n’est attribuée qu’aux ménages touchant moins de 35 000 euros par an.

    75 % des bénéficiaires auraient jeté sans la prime

    À l’ère de l’obsolescence programmée, l’idée est de donner une deuxième vie aux objets mais également de soutenir les artisans locaux, en circuit court. « Nous avons mené une étude pendant deux mois fin 2021 sur les bénéficiaires de cette prime. Sur cette période, 250 demandes ont été reçues, et 178 d'entre elles acceptées. 75 % de ces bénéficiaires ont déclaré avoir été incités à faire réparer leurs appareils parce qu'il y avait une prime. Sinon, ils les auraient jetés », déclare Gnadang Ousmane, la Présidente de la commission économie circulaire à la mairie de Toulouse. « Les trois types d’objets les plus réparés sont l’audiovisuel (48 %), l’électroménager (39 %) et la téléphonie (11 %). Par ailleurs, sur la période étudiée, cette mesure a coûté 7 350 euros à la Métropole, soit une moyenne de 41 euros par demande environ ».

    Chaque année, plus d’un milliard d'équipements électriques et électroniques sont mis sur le marché ; malheureusement, ils sont rarement réparés lorsqu'ils tombent en panne. On estime que plus de 100 millions de portables inutilisés dormiraient dans nos tiroirs. Pour fabriquer un téléphone portable, il faut 75 kg de ressources consommées d’où l’intérêt (écologique) de le réparer plutôt que d’en acheter un neuf. C’est un des objectifs de la loi anti-gaspillage de 2020, mais la mise en place d’un « fonds réparation » au niveau national traîne et ne devrait être effective que... dans plusieurs mois. Le temps nécessaire aux deux éco-organismes gérant les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE), Ecologic et Ecosystem, pour être agréés par l'État.

    D’ailleurs il s’agit là d’un sujet qui fâche plus largement. L'Europe a fixé à ses pays membres un objectif de taux de collecte de ces équipements de 65 %, la France n'en est, à ce jour, qu'à 52 %. Le gouvernement a donc fixé à fin 2024 l'atteinte de cet objectif à Ecologic et Ecosystem. Ceux-ci l’estiment inatteignable sans le soutien des... pouvoirs publics. On va y arriver !

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