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14 milliards d'euros : en fait, l'éolien et le solaire rapportent déjà gros à l'Etat

D’un côté, le prix des énergies flambe. De l’autre, les coûts du renouvelable chutent. Entre les deux, un bénéfice qui va rapporter 14 milliards d'euros à la France. Qui pense encore que les éoliennes ne sont pas rentables ?
  • C’est une info qui aurait pu rester dans les pages finance de la presse spécialisée si elle n’éclairait pas notre avenir sous un jour nouveau. Des chiffres montrent qu’en 2021 et avec les projections de 2022, les énergies issues de sources renouvelables (notées EnR) vont faire rentrer plus de 14 milliards d’euros dans les caisses de l’État.

    Une somme conséquente qui vient de l’aide que la puissance publique fournit aux producteurs d’énergie solaire et éolienne pour soutenir la transition écologique. Celle-ci n’est PAS une subvention mais une "compensation", un montant versé pour compléter le prix du marché tant que celui-ci est défavorable aux énergies propres, afin que la filière se développe face à l’électricité traditionnelle (carbonée ou nucléaire).

    Or, depuis que le cours des énergies s’envole à l’échelle internationale, cette aide n’est plus nécessaire. C’est même l’inverse : en 2018, l'électricité était achetée 50 €/MWh en moyenne, et son prix a atteint 109 €/MWh en 2021 alors que la France la paie 90 €/MWh seulement. C'est pourquoi, les producteurs d’EnR vont reverser l’argent à l’État. Merci qui ?

    Jackpot pour les finances publiques

    Ce maxi-bénéfice combine plusieurs chiffres en vérité. D’abord 3,3 milliards d’euros de l’aide suscitée, versée par l’État en 2021 aux producteurs verts et qui vont donc retourner dans les poches de la France. Ka-tching ! 

    Mais le budget voté l’an dernier pour l’année 2022 prévoyait de verser 5,1 milliards d’euros d’aides... qui ne seront pas nécessaires. Compte tenu du marché, la compensation réglée par les producteurs à l’État à la place devrait atteindre 6 milliards d’euros. 

    L’État va donc à la fois récupérer ET ne pas dépenser. Une double bonne nouvelle pour le budget des Français. Mieux : selon France énergie éolienne (FEE), les perspectives resteront aussi bénéfiques jusqu’en 2035, ce qui devrait rapporter 18 milliards d’euros d’ici là. Mais si les EnR cartonnent, ce n’est pas qu’avec les deniers publics. Comme l’a déclaré le responsable de la FEE Michel Gioria, désormais les énergies renouvelables « ne coûtent pas, elles rapportent ».

    Enfin rentables (et pas qu’un peu)

    Quand les prix des énergies fossiles n’ont fait que monter depuis l’hiver, les EnR se sont montrées de plus en plus profitables, année après année. L’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) l’a clairement établi en juin 2021 en rapportant que 62 % de la production verte de 2020 (pas une paille mais quelques 162 gigawatts en tout) avait coûté moins à générer que le même volume dans des centrales modernes utilisant les « combustibles fossiles les moins chers ».

    Cela découle de la multiplication des installations de production d’EnR dans le monde, leur puissance passant de 754 GW en 2000 à 2799 GW en 2020 et permettant ainsi la réalisation d’économies d’échelle, de l’approvisionnement à la distribution. Le coût des technologies a, lui, chuté grâce à l’amélioration de leur rendement. Ce qui attire plus aisément les investisseurs.

    Bref, selon le rapport toujours, en 10 ans, le coût de l’électricité photovoltaïque dans le monde a ainsi chuté de 85 % et de 56% pour l’éolien terrestre. Le directeur de l’IRENA peut ainsi statuer qu’en 2022 « les énergies renouvelables sont la source d’électricité la moins chère ». Et l’électricité, on en consomme de plus en plus.

    Le renouvelable rayonne 

    L’électricité est au cœur de la lutte contre les gaz à effet de serre : voitures et trottinettes sont électriques, tout comme les visios qui évitent de prendre l’avion et tout le numérique évidemment… Bref, la demande explose et l’offre est plus compétitive que jamais.

    La Commission de régulation de l'énergie (CRE) a même livré ses prévisions d'évolution et jure que le marché restera ultra-profitable toute la décennie. Au point que les producteurs d’énergie éolienne devraient avoir remboursé 11 milliards d'euros à l’État avant 2025, soit « tout ce que [la filière] a perçu depuis 2003 ». 

    Emplois dans les énergies renouvelables en France

    Dans ce contexte inédit, repousser une transition énergétique majeure apparaît comme contre-productif pour la France. Les EnR rapportent et garantissent une indépendance indispensable au moment où les tensions internationales participent à l’inflation. Le groupe Valorem, producteur de diverses énergies vertes estime même que « c'est grâce aux EnR qu'on peut amortir l'augmentation de la facture électrique des Français ». Ce pourquoi la FEE suggère que les milliards récupérés par l'État soit réaffectés à accélérer cette transition partout où elle peut « protéger les plus vulnérables du choc énergétique ». A bon entendeur...

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