2023 M12 14
Les militants écolos ont de quoi avoir des vertiges en ce moment. Entre le projet de loi du gouvernement pour construire de nouvelles centrales nucléaires et prolonger les anciennes, et l’apparition de Greta Thunberg à la télé allemande qui dit préférer les centrales « déjà en fonctionnement » que les « arrêter afin de se tourner vers le charbon » et a manifesté pour le démontage d’éoliennes, c’est un vrai roller-coaster…
Norvège: Greta Thunberg délogée par la police lors d'une manifestation anti-éoliennes @Terror_Alarm pic.twitter.com/MK9Y10BB0z
— L'important (@Limportant_fr) March 2, 2023
Pourtant, les centrales nucléaires produisent de l'électricité sans émettre la moindre particule de dioxyde de carbone, ce qui n’est pas le cas des autres productions. Alors n’est-ce pas le meilleur choix pour l’environnement ? Ou plutôt, pour le climat. L’ADEME en est certain, le GIEC, un poil moins. Comparons.
Classement du pire au plus vert(ueux)
Au plus bas du classement se trouve la centrale à charbon avec entre 820 et 1000 g/kWh (1 kg d’équivalent CO2 par kilowattheure produit). Le delta dépend des technologies exactement utilisées. À peine meilleure, la centrale à gaz rejette entre 400 et 600 g/kWh.
Surprenant, mais arrive alors la centrale solaire, dont fabrication et installation rejettent jusqu’à 44 g/kWh, largement imputables aux matériaux utilisées (sable, cuivre…), à sa production en Chine et à sa nécessité de batteries pour le stockage, qui tous ont également une lourde empreinte carbone comme l’a montré une étude américaine dès 2006. Dans les meilleures situations, elle reste créditée de 20 g/kWh.
Pour les mêmes raisons, la ferme photovoltaïque est suivie par la centrale éolienne émettant entre 5 et 25 g/kWh, et le barrage hydroélectrique produit au prix de 4 à 70 g/kWh, selon la taille du barraque qui change drastiquement son empreinte environnementale.
Championne, la centrale nucléaire se limite à 6 grammes de CO2 seulement par kilowattheure, selon les calculs de l’ADEME, et ne rejette que de la vapeur d’eau pendant son exercice. Mais l’analyse de son cycle de vie est un peu plus sévère en matière d’empreinte carbone...
Piller la Terre pour sauver l’air
Pour fonctionner, une centrale a besoin d’uranium… et d’un réacteur. L’extraction du premier et son traitement pour fabriquer un combustible nucléaire sont salissants. La construction de la seconde engendre de lourds travaux très impactants pour la nature. Ce qui amène le GIEC a rehausser l’estimation de l’ADEME, à considérer que le nucléaire émet 12 gCO2/kWh en moyenne et à reconnaître que... le nucléaire français est mieux loti que les autres.
La technique employée pour l’enrichissement de l'uranium fait aussi énormément varier l’empreinte carbone. Comme le rappelle le site Revolution-Energetique, l’ultracentrifugation est 50 fois moins énergivore que la méthode de diffusion gazeuse, employée par exemple à la centrale française de Tricastin.
C’est de là que vient la volonté du gouvernement d’accélérer les choses pour cette filière : la technologie française s’en sort mieux que ses voisins. C’est donc le meilleur choix pour l’environnement… si on regarde uniquement les émissions de gaz à effet de serre.
Reste en effet la question (incluse dans l’analyse cycle de vie) de la gestion des déchets nucléaires, enfouis mais qui subsistent indéfiniment. Les risques induits de ces centrales qui nécessitent de lourds investissements d’entretien pour leur sécurité. Et l’impact de démantelement en fin de vie, pas encore bien estimé car la filière manque de recul... et d'expérience. Peut être une raison pour laquelle certains veulent allonger la durée de vie des centrales en attendant d'en savoir plus ?