

La lampe qui aide les dyslexiques
7 à 8 millions de Français souffrent de dyslexie. Un handicap qui entraine des difficultés à comprendre l’enchainement de lettres et syllabes qui forment les mots. Résultat : fatigue visuelle et désintérêt pour la lecture. Bonne nouvelle deux physiciens rennais ont peut-être trouvé une solution.
2022 M09 1
Entre 8 et 10% de la population mondiale souffrirait de dyslexie (entre 500 et 700 millions). Ce trouble touche 10 % des enfants et en grande majorité des garçons (trois fois plus que les filles). Il s’agit d’une altération spécifique et significative de la lecture et/ou de la production d’écrit et de l’orthographe (dysorthographie). La dyslexie apparait chez les enfants dès les premiers moments de l’apprentissage avec des difficultés à maîtriser le stade dit alphabétique de l’apprentissage de la lecture. Le trouble a été identifié au XIXe siècle et il n’a été reconnu comme handicap par l'OMS qu’en 1991.
Aujourd’hui, malgré les avancées scientifiques sur la dyslexie, il n'existe toujours pas de consensus sur ses causes et ses origines, même si une découverte de 2017 sur les taches de Maxwell pourrait changer la donne. La dyslexie pourrait s'expliquer par une malformation ces tâches que l'on peut observer dans le fond de nos yeux. On peut parler d’avancée majeure, d’ailleurs, avec ces travaux de deux chercheurs de l'université de Rennes : Albert Le Floch et Guy Ropars. Durant leurs recherches, les deux physiciens ont mis en lumière une possible cause anatomique cachée dans les yeux.

D’après les conclusions de leurs 15 années de travaux, publiées dans la revue « The Royal Society », très tôt le cerveau humain doit choisir lequel des deux yeux sera l’œil dominant dans la vision. Ainsi, il installe une asymétrie entre les deux, de manière à ce que l’un prenne l’ascendant sur l’autre. Pour les personnes dyslexiques, cette asymétrie n’existe pas. Conséquence : chacun des deux yeux veut prendre le contrôle de la vision, et cette bataille entraine un effet miroir très perturbant. Jamais figées, les lettres d’un texte bougent en permanence, se chevauchent et se confondent, perturbant la lecture, et occasionnant une fatigue oculaire importante.
Une lampe à l'éclairage scintillant
Pour résoudre ce problème les deux chercheurs ont trouvé une solution : une lampe dont l’éclairage scintillant permet de créer un œil dominant fictif. Pour leur découverte, Albert Le Floch et Guy Ropars ont reçu, fin 2020, le prestigieux prix de l’Académie nationale de médecine. Aujourd’hui, sur les bases de leurs recherches, deux start-up françaises, Lexilight et Lili for Life, commercialisent déjà leurs propres modèles de lampes.
Ces lampes, vendus respectivement 349 et 399 euros, s’adressent aussi bien aux adultes qu’aux enfants mais ne fonctionnent malheureusement pas pour tous les dyslexiques, sans qu’on sache pourquoi. Les deux marques proposent donc, des périodes d’essais et de tests. Par ailleurs, Lili for Life a lancé des études cliniques pour que sa lampe puisse être considérée comme un dispositif médical et être remboursée par la Sécurité sociale et les mutuelles. Les deux concurrents français se tirent la bourre et se partagent, pour l’instant, un marché sur lequel on ne trouvait que des lunettes jusqu’à présent.