Allergies au pollen : pourquoi de plus en plus de Français sont concernés ?

Début juin, le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) publiait une carte rouge, montrant tous les départements touchés par des risques d’allergies élevés. Nez qui coule, gorge irritée ou les yeux qui piquent : on estime que 25 à 30 % des Français sont allergiques au pollen de graminées. Un chiffre qui pourrait atteindre 50% d’ici 2050. Mais pourquoi le nombre d’allergiques augmente-t-il autant ?
  • Le week-end dernier, sur une grande partie de la France, il faisait beau. Un temps idéal pour être dehors, peu importe l’activité. Mais pour 30% des Français environ — soit près de 20 millions de personnes — ces conditions de météo favorables ont été gâchées par quelques petits désagréments qui prennent des formes variables comme les yeux qui piquent, des éternuements ou encore la gorge irritée, et qui peuvent provoquer de l'asthme ou la conjonctivite. Pas de mystère : ce sont les allergies. Et plus précisément les allergies au pollen de graminées (le gazon, la pelouse, les hautes herbes, les espaces verts, etc.).

    Alerte rouge

    La période est d’autant plus difficile à gérer puisque le niveau maximal a été déclenché par le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA), avec tous les départements en alerte rouge (sauf le Finistère, en orange). Certes, chaque année, c’est la même mayonnaise. Mais l’un des problèmes est que le nombre de personnes touchées par ces allergies augmente d’année en année. En 2023, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) estime qu’entre 25 et 30% des Français sont concernés. Mais d’ici 25 ans, ce chiffre pourrait presque doubler. 

    Les raisons de cette augmentation sont multiples et multi-factorielles. Mais deux pistes sérieuses sont envisagées par les scientifiques. La première est le dérèglement climatique. Il influence sur la saison pollinique qui débute plus tôt dans l’année et dure plus longtemps à cause de l’augmentation des températures moyennes. Il y a donc plus de risques pour les humains car la saison où le pollen circule est plus longue.

    De plus, selon l’Anses, « il a été observé que la quantité d’allergènes dans les grains de pollen de bouleau et d’ambroisie augmentait avec la température ». En résumé, la hausse des températures rendrait les pollens plus puissants et plus agressifs pour l’humain. Le second élément, c'est la pollution et l’augmentation du niveau de CO2 dans l’atmosphère, qui là aussi « dope » la production de pollens. Déjà en 2011, plusieurs chercheurs issus de treize pays européens avaient fait ce constat : « plus les émissions de CO2 sont importantes, plus la quantité de pollen dans l’air est élevée ».

    Double peine

    Les variations climatiques peuvent donc entraîner une augmentation de la quantité de pollen et une saison plus précoce et longue. Et la pollution peut booster le pollen pour le rendre plus allergisant : « la pollution, notamment la particule fine, l'ozone, le NO2, ce sont des éléments qui viennent fragiliser la paroi du grain de pollen qui se rompt plus facilement et qui libère plus de pollen allergisant. En plus de cela, la pollution vient fragiliser les voies respiratoires des individus qui sont plus gênés par les pollens », estime Samuel Monnier, ingénieur du RNSA, interrogé par TF1.

    Double peine, donc. Et comme les températures moyennes vont continuer d’augmenter, tout comme la concentration de CO2, le nombre de personnes touchées par les allergies devrait aussi grimper en flèche. 

    Enfin, il y a un dernier élément à prendre en compte : notre système immunitaire. Une allergie se produit lorsque le corps réagit à des substances qu'il ne peut tolérer et qu’il considère comme nocives — ici, le pollen. Une personne allergique va fabriquer des anticorps qui vont combattre le pollen. Mais comme les variations (climatiques ou de pollution) se sont accélérées, nos systèmes immunitaires n’ont pas encore eu le temps de s’y habituer. Ils vont donc plus facilement se battre contre certains allergènes en pensant qu’ils sont dangereux, notamment le pollen ou les acariens. 

    Au-delà d’un suivi médical adapté ou de la prise d’antihistaminiques (en vente libre en pharmacie), il existe des astuces pour survivre au printemps, comme se rincer les cheveux le soir en rentrant, se changer, aérer le matin et le soir, faire sécher son linge en intérieur, évitez au maximum les pelouses et les gazons et gardez les vitres fermées en voiture. Des conseils qui pourront permettre d’atténuer les symptômes, et ainsi vous aider à passer une "moins pire journée". 

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