Est-on vraiment obligé d’aller travailler en cas de canicule ?

Les effets des intenses chaleurs sur le corps et le cerveau sont bien identifiés, médicalement. Pourtant la législation ne prévoit pas les épisodes de canicule. Une erreur à réparer en ces temps de réchauffement climatique ? Les députés y travaillent.
  • Écrasés par un pesant dôme de chaleur, les Français font face à des températures dépassant parfois les 40 °C en journée. La nuit n’est guère plus enviable en cette période de canicule tardive, avec un mercure qui n’arrive pas toujours à descendre sous les 25°. Pas facile dans ce climat étouffant de trouver le repos ni d’attaquer une journée de travail. Pourtant, la loi actuelle ne prévoit pas de clause concernant spécifiquement la canicule ni de température maximale sous laquelle le travail resterait obligatoire. Toutefois, le législateur a prévu un cadre pour protéger les travailleurs.

    Empêcher l'accident et protéger le salarié

    On ne peut pas quitter son lieu de travail uniquement parce qu’il fait trop chaud. Ne pas se présenter à son lieu de travail ou l’abandonner sans aval express de sa direction constitue une faute professionnelle pour tout employé. Mais le code du travail oblige les employeurs à diverses mesures pour garantir la sécurité des salariés.

    Parmi elles, la fourniture de moyens de se mettre à l’ombre pour se protéger des UV en extérieur, installer une ventilation suffisante pour renouveler l’air et réduire la température d’un lieu de travail en cas d’activité intérieure et l’obligation de fournir de l’eau gratuitement…

    Autant d’actions de prévention des risques professionnels qui peuvent être doubler d’aménagements d’horaires par exemple (notamment dans le bâtiment) ou le passage au télétravail. Et si l’employeur ne s’en préoccupe pas ? Alors le salarié peut contacter le syndicat de l’entreprise ou l’inspection du travail, et surtout faire valoir son droit de retrait.

    La canicule nuit-elle au travail ?

    Oui, les effets des chaleurs sur notre corps sont bien identifiés : maux de têtes, crampes, voire états nauséeux. On sait aussi que les températures trop hautes la nuit empêchent un repos conséquent (ce qui peut avoir des effets le lendemain) et qu'une exposition prolongée à la chaleur complique les fonctions cognitives, la concentration et la mémorisation.

    Mais les scientifiques ont aussi alerté sur les effets des vagues de chaleur sur la santé mentale, comme une hausse de l'agressivité “qui peut aller jusqu’à la violence physique”, décrit le psychiatre de l'AP-HM, Guillaume Fond.

    Des effets nocifs amenés à se répéter chaque été avec le réchauffement climatique qui multiplie les vagues de chaleur. Justement, des députés ont déposé un projet de loi pour adapter la loi.

    Des lendemains plus ensoleillés ?

    Les élus EELV ont en effet déposé des projets de loi pour que soit inscrit dans le code du travail une température maximale, fixée à 33°C, au-dessus de laquelle le travail est stoppé. Idem chez LFI qui demande à ce que les départements placés par Météo France en vigilance rouge interrompent le travail obligatoire et qu'on limite les journées de travail à 6 heures dans ceux en vigilance orange. D'autres pistes se penchent surtout sur le recours au télétravail quand il est possible ou à l'aménagement de "pauses climatiques".

    Des réflexions à creuser assurément, mais qui montrent que la question est d'actualité. Pendant 25% du temps passé au bureau, "23 % des actifs sont exposés à des températures élevées" décrit un rapport de l’agence Eurofound. Il est donc temps de faire évoluer le cadre légal pour que la protection des travailleurs s'élève autant que le thermomètre...

    Crédit photo Une : Instant Vantage.

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