2022 M03 9
Dans le long combat pour l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes, il aura fallu attendre la loi du 4 mars 2002 pour que soit instaurée en France la "coparentalité". C’est-à-dire que l’autorité parentale soit partagée de manière égale entre homme et femme, et ce quelque soit le cas de figure : mariage, simple concubinage ou couple divorcé. Un principe loin d’être anodin : il permet aux parents, qu'ils soient mariés ou non mariés, s'ils ont reconnu l'enfant dans la première année de sa vie, d’exercer tous deux l'autorité parentale de plein droit.
« C’est l’idée selon laquelle il est de l’intérêt de l’enfant d’être élevé par ses deux parents, dans la famille fondée sur le mariage comme dans la famille créée hors mariage, que le couple parental soit uni ou qu’il soit désuni » précisait ainsi la juriste Françoise Dekeuwer-Défossez lorsque cette loi est adoptée.
Un concept qui garantit donc les mêmes droits et devoirs aux parents lorsqu’ils ont un enfant, qu’ils décident de vivre ensemble ou séparés. Historiquement, la loi a d’ailleurs été instaurée pour garantir aux enfants un cadre de vie équilibré en cas de séparation. Le divorce n’étant plus vu comme la dissolution d’une famille mais simplement la dissolution d’un couple.
Briser le tabou qui entoure la notion du couple
Mais aujourd’hui, avec l’évolution des pratiques conjugales, la notion de coparentalité soulève certaines questions. Pourquoi ce principe serait-il réservé à des personnes qui ont d’abord formé une famille classique avant de se séparer ? Pourquoi ne ferait-il pas d’emblée partie des options qui s'ouvrent à nous ?
En Belgique, le concept a fait beaucoup parler ces derniers mois à cause d’une émission de télé intitulée Ik wil een kind (“Je veux un enfant”). Dans cette émission, de parfaits inconnus se rencontrent dans le but de concevoir et élever un enfant ensemble, sans pour autant nouer de relation amoureuse. “Nous sortons souvent en famille et nous partons en vacances ensemble. Mais nous n'avons pas de relation" témoignait ainsi - lors de cette émission - une femme qui élève un petit garçon via cette coparentalité choisie.
Car à la télé comme dans la vraie vie, la question mérite d’être posée et interpelle de nombreuses personnes. En France, il existe d’ailleurs plusieurs sites de rencontres qui, sur le même principe, permettent de faire se rencontrer des personnes qui ont un désir d'enfant mais qui ne peuvent pas en avoir pour des raisons médicales, sociales, ou simplement parce qu’elles n'ont pas de partenaire.
Il s’agit de passer outre la notion d’amour, de désir, de coup de foudre et de vie commune et de se concentrer simplement sur l’essentiel : élever un ou plusieurs enfants ensemble. Une manière de briser un tabou sur la notion de couple qui va de pair avec de nouvelles pratiques, comme le polyamour.
Un concept qui ne fait pas l’unanimité
En France comme en Belgique, le concept ne fait évidemment pas l’unanimité même si, à proprement parler, il n’y a pas d'infraction aux droits de l'enfant. "Avoir un enfant n’est pas la même chose qu’acheter une maison ou trouver un partenaire de vie" expliquait ainsi le ministre Flamand de la jeunesse en octobre dernier.
Reste que cette émission a permis de mettre un coup de projecteur sur une pratique qui pourrait se développer à l’avenir, voire séduire des jeunes qui souhaitent sortir des sentiers battus du couple tel qu’on le connaît aujourd’hui.