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Barbie : poupée bimbo ou nouveau modèle du féminisme ?

Soixante-cinq ans après sa création, son premier film arrive sur les écrans. L'heure de faire un bilan et se demander si la baby-doll participe à l’émancipation des femmes ou la réduit à un jeu d’enfant.
  • Cet été, et pour la première fois, Barbie apparaîtra sur grand écran en prise de vue réelle. Et qui pour interpréter la plus célèbre des poupées ? Passer de la badass Harley Queen à la Barbie, il n’y avait que Margot Robbie pour se plier à un tel exercice. Car, dans ce nouveau film réalisé par l'égérie du cinéma indépendant Greta Gerwig, Barbie servira moins à cantonner les fillettes au traditionnel “sois belle et tais toi” qu’à ouvrir des consciences. Et pourquoi pas ? Après tout, elle a bien changé en presque 65 ans...

    Qu’on se le dise, c’est une femme qui l’a imaginée en 1959 : Ruth Handler, épouse d’un des dirigeants de Mattel. Leur fille s’appelle Barbara ; la miniature portera le petit nom de Barbie. A l’époque, les fillettes jouent avec des bébés (poupons) ou des miniatures de jeunes filles ; Barbie sera une des premières poupées de femme, avec une vie active à part entière. De bonnes intentions qui ne vont hélas pas suffire…

    Taille(s) mannequin(s)

    Blonde (et donc blanche), longiligne et dotée de proportions irrationnelles, la poupée Barbie a autant fait rêver que culpabiliser des générations de fillettes de ne pas avoir le même corps. Quant à sa garde robe rose bonbon et ses accessoires tous juste bons à envoyer notre héroïne faire du shopping ou à brosser son cheval, ils ont longtemps joué sur la perception de carrière que pouvait espérer une adolescente. Même le Sénat l’a admis en 2014 : “le jouet représente un univers qui participe à l'éducation et au développement de l'enfant”. Mais il aura fallu du temps à Mattel pour le reconnaître…

    Ce n’est qu’en 2016 que la marque américaine décline enfin Barbie en différentes tailles. La gamme "Fashionista" montre des demoiselles de différents gabarits : plus grandes, plus petites, plus rondes et plus musclées.

    Mattel introduit aussi des cheveux et peaux de teintes différentes. Chaque fillette peut désormais se retrouver dans sa poupée. Un premier pas sur la piste de l’inclusion des diversités qui ne va pas s’arrêter là. En 2019, l'entreprise sort la gamme "Barbie Inspirational Women" qui, comme son nom l’indique, rend hommage aux femmes inspirantes. On retrouve les traits de célébrités comme l’artiste Frida Kahlo, ou l’astronaute Sally Ride, mais aussi la mythique aviatrice Amelia Earhart ou l’activiste anti-ségrégation raciale, Rosa Parks.


    Plus près de nous, on trouve aussi l’influenceuse de 24 ans Lena Mahfouf, connue sous le pseudo Lena Situations. Un signe des temps qui montre que, désormais, il ne suffit plus que votre poupée vous ressemble, mais bien qu’elle nous prépare à vivre des histoires… De l’inclusion, on passe ainsi à l’affirmation.

    La femme est l’avenir de l’homme

    Conçue pour développer l'acceptation de soi, la gamme "Barbie Extra" montre en 2020 des tenues fantaisistes, voire tape-à-l’oeil pour que chaque enfant puisse assumer son look. Un coup de pouce à la construction de la confiance en soi. Peu avant, la marque a même lancé des jouets non genrés. Dans un catalogue où Ken (créé 2 ans après Barbie) a longtemps été un "accessoire", voici que s’efface le genre afin que tous et toutes puissent explorer (et construire) leur identité sans contrainte ni jugement.

    En conclusion, n’ayons nul doute : ces gemmes, comme le film, sont autant de coups marketing pour le géant du jouet américain ; mais ils effacent les limites de leur poupée en suivant les besoins exprimés des jeunes filles d’aujourd’hui. Tout juste pourra-t-on souligner un problème que la poupée plastique de 28 centimètres ne va pas régler de sitôt : sa dépendance au pétrole. Encore que : en 2021, Mattel a conçu une poupée en plastique issue de déchets repêchés dans l’océan… Et comme disait la chanson : Life in plastic, it’s fantastic!

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