2022 M02 4
Pékin est devenue cette semaine la première ville du monde à avoir accueilli à la fois les Jeux olympiques d'été et d'hiver. Mais à quel prix ? Car dans une région où il neige moins souvent qu’à Brest, les autorités chinoises ont dû créer des pistes de ski de toute pièce, taillant au passage dans une zone naturelle protégée. Un déni écologique terrible !
Alors, évidemment, que le CIO (Comité International Olympique) attribue une compétition dans une zone où la neige n’est historiquement pas disponible : un paradoxe qui constitue un premier axe d’amélioration pour imaginer des JO d’hiver vraiment verts. Mais si l’on va plus loin, de nombreux aspects peuvent ensuite être étudiés pour que cette compétition sportive soit durable.
Le recours, par exemple, à des sources d’énergies renouvelables est essentiel. C’est également le cas pour les transports. Pékin estime par exemple que 85% des véhicules utilisés pour transporter les athlètes rouleront à l’électricité ou à l’hydrogène. Un bon point qui aurait sans doute été mis en avant sans cette histoire de neige.
Ensuite, un événement sportif, comme tout événement, se doit d’être irréprochable en matière de gestion des déchets : collecte et tri des ordures et mise en place d’initiatives zéro déchet passant notamment par l’interdiction des bouteilles en plastiques et des goodies jetables.
Un événement de ce type se doit aussi d’être exemplaire en matière d’alimentation, en faisant la part belle au bio et au local (un point qui, en Chine, sera à vérifier). Et enfin, c’est aussi le meilleur moment pour mettre en avant les efforts des équipementiers pour proposer des gammes plus éthiques et respectueuses de la nature.
« Le saviez-vous : 185 millions de litres d’eau ont été utilisés pour la neige artificielle des JO de Pékin. 20 000 arbres ont également été abattus dans une zone protégée »
Les jeux olympiques d’hiver, un événement bientôt révolu ?
Si les JO de Pékin font beaucoup parler d’eux cette année, c’est que la prise de conscience écologique est de plus en plus forte dans les esprits. Et c’est une bonne nouvelle. Car ce n’est pas la première fois que la neige artificielle est utilisée pour cet évènement. Déjà en 2018, pour les JO en Corée du Sud, 90% de la neige avait été artificielle. Et déjà, les pistes de ski, construites de toute pièce, avaient été implantées après destruction d'une forêt protégée qui abritait une faune et flore unique au monde.
Cette année, 185 millions de litres d’eau ont été utilisés pour fabriquer ces pistes de ski artificielles. C’est l’équivalent de la consommation d’eau annuelle de 3 000 français. Un sujet qui fâche, mais qui doit aussi être mis en perspective. En France, par exemple, nos domaines skiables vont utiliser 28 milliards de litres d’eau pour faire de la neige artificielle cette année. C’est 150 fois plus qu’à Pékin.
Car avec le réchauffement de la planète, l’enneigement diminue en montagne alors que les domaines skiables se sont multipliés depuis les années 1990. Résultat, la plupart des domaines ont recours aux canons à neige pour assurer le confort des vacanciers. D’ailleurs, des chercheurs américains ont fait l’étude suivante : sur les 21 sites ayant accueilli les JO d'hiver depuis 1924, seuls dix d'entre eux auront suffisamment de neige en 2050 pour réitérer l’expérience sans canons à neige.
À l'avenir, il faudra donc mieux choisir les endroits pour que cette belle compétition puisse prendre vie. Et il faudra y mettre le maximum d'ingrédients pour que ce soit bon pour le climat.