Lyon Olympic Stadium (Serrer Unsplash)

Crise énergétique : faut-il supprimer les matchs en soirée ?

Un club de foot allemand a déjà décidé d’éteindre son stade la nuit. La France a donné des consignes dans ce sens. Alors, le monde du sport devrait-il dormir à la nuit tombée ?
  • C'est peut-être l'un des débats de l'automne : l’organisation au Qatar de la coupe du monde de football 2022 va entraîner des surconsommations énergétiques pour faire face à ses températures. L’hiver, il fait autour de 25 °C à Doha (contre 30 à 45 le reste de l’année), ce qui va nécessiter des climatisations dans les 12 stades de la coupe, pour les spectateurs comme les joueurs. Le pays a bien annoncé avoir démultiplié le recours aux panneaux photovoltaïques, mais ils seront insuffisants : une étude britannique a démontré qu’il faudrait recouvrir 1000 km² de panneaux solaires pour couvrir les besoins de la coupe qatari, alors que le pays ne possède pas cet espace.

    Match nul (mais pas en carbone)

    Bien sûr, toutes les compétitions ne sont pas si polluantes, mais elles restent très énergivores. Surtout, ces consommations pourraient parfaitement être optimisées.

    Comment réduire la consommation électrique ? De la même façon que la FIFA a déplacé la coupe du monde en novembre pour ne pas subir la fournaise estivale du Qatar, il suffirait que les matchs commencent plus tôt qu’en soirée pour limiter les besoins énergétiques (lumières, chauffages etc). C’est d’ailleurs ce qu’a décidé de faire un club allemand.

    Le FC Nuremberg ne joue qu’en deuxième division de la Ligue allemande mais ce club de Bavière pourrait bien ne plus fouler le terrain de nuit. Comme l’a rapporté L’Equipe, le conseil municipal a en effet fait savoir fin septembre qu’il couperait le chauffage et les projecteurs du stade Max Morlock, où il s’entraîne et joue, après 21h pour réduire sa consommation d’énergie. Un choix qui a pour conséquence d'empêcher tout match de nuit cet hiver.

    Une intention louable mais est-ce véritablement efficace ? Sortons les factures et la calculatrice.

    Éteins la lumière

    Prenons le Parc des Princes : le fief du PSG compte 172 projecteurs géants. Et le reste ? En 2018, le magazine 90 Minutes estimait qu’un match de finale de foot dans un stade consommait autour de 100 000 kWh d’électricité pour les projecteurs de la pelouse, les gradins, les écrans LED des fanzones, les infrastructures de retransmission…

    Le comparateur énergétique Selectra estime que les deux mi-temps du match de final de l’Euro au Parc des Princes pèsent quelques 37 000 kWh rien qu’en éclairage. Pratiquement 10 fois la consommation annuelle d’un foyer français grillée en un seul soir. Or, des matchs de foot, la plateforme de bilan carbone Sami en dénombre 30 000 tous les week-ends en France.

    Alors faut-il éteindre la lumière ? Sans interdire tous les matchs ou compétitions en soirée (qui sont, par nature, exceptionnels), il apparaît flagrant que l’on peut réduire ces consommations en éteignant plus tôt et plus souvent. Certains s'en sont bien rendus compte cet été...

    Passer en dark mode

    Début août, un match Nice-Toulouse a eu lieu en après-midi sous 17 projecteurs grand allumés, pour rien. Ceci simplement parce que le règlement de la LFP qui l’exige. Une piste que suit de près la Première ministre puisque la France fait face à une crise énergétique. 

    Cet été, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, envisageait de déplacer certaines compétitions en après-midi, voire d’interdire certains matchs s'il l'énergie faisait défaut. Début octobre, le gouvernement a finalement fait savoir que les stades de foot et de rugby devront réduire de moitié l’éclairage avant la rencontre en journée (et de 30 % en soirée). En fait, ce n’est pas l’intensité qui change, mais la durée : chauffage et projecteurs seront allumés à fond mais seulement « 2 heures avant le coup d’envoi » au lieu de 4 heures, a expliqué Arnaud Rouger, le directeur de la ligue de foot.

    Ni interdiction, ni passe-droit énergivore... Balle au centre, la partie continue.

    Libon Stadium (Humberto Santos unsplash)

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