Faut-il imposer la sieste au travail ? 70% des Français disent oui

Selon un sondage mené par l’agence d’intérim Adecco, 69% des Français seraient partants pour un petit roupillon au boulot… à condition de ne pas rentrer plus tard à la maison pour autant.
  • Voici la scène, quotidienne pour certains. Il est environ 14 heures et vous venez d’avaler un sandwich pour le déjeuner — ou un menu entrée-plat-dessert + café gourmand pour les plus affamés. C’est le moment de reprendre le travail, c’est-à-dire de rester éveillé encore plusieurs heures. C’est à ce moment que votre corps réclame une sieste : un court instant de sommeil pour reprendre des forces. Sauf que non.

    Déjà, les siestes ne sont pas, en théorie, légales. Selon l'article L3121-16 du Code du travail, dès que le temps de travail quotidien atteint six heures, le salarié bénéficie d'un temps de pause d'une durée minimale de vingt minutes consécutives. Mais vous n’avez pas le droit d’utiliser cette pause pour taper un roupillon en catimini — sauf si votre employeur a mis en place des mesures spécifiques à cet effet. En plus, il faudrait que vous ayez un endroit au calme où dormir quelques minutes, idéalement un canapé, un petit lit ou un fauteuil confortable que l’on peut incliner — ce qui n’est pas toujours le cas. Mais cette préoccupation n’est pas nouvelle. Déjà en 2015, un rapport de l’association Terra Nova militait pour la sieste au travail.

    Faut-il remettre le sujet sur la table ? 69% des Français se disent favorables à l’instauration de la sieste au travail, selon un sondage publié en mars 2023 et mené par l’agence Adecco auprès de 1524 personnes représentatives de la population française. Un sondage dans lequel on apprend que 77% des personnes interrogées avouent mal dormir et que 81% ne se sentent pas assez reposés au réveil pour attaquer leur journée de travail. Des chiffres qui poussent à se poser la question de la sieste dite « réparatrice ou récupératrice » au travail, d’une durée de vingt minutes environ, afin de booster la productivité et requinquer ceux qui piquent du nez l’après-midi, ceux qui baillent et ceux qui rêvent que d’une seule chose, à savoir de leur lit.

    La sieste est bénéfique

    Attention, il y a des règles à respecter. Par exemple, il est conseillé de taper cette sieste entre 12 heures et 16 heures et il vaut mieux limiter le somme à vingt minutes maximum. Pour le neuroscientifique Brice Faraut, auteur de l’ouvrage Sauvés par la sieste, « faire la sieste est toujours bénéfique, et relève davantage de la sagesse que de la paresse », comme le rapporte Le Monde. En résumé, la sieste permet de rattraper dans la journée la « dette » de sommeil qui manque et de venir en renfort pour compenser la fatigue inhérente à ce manque de sommeil. Selon la NASA, un petit dodo de 10 à 30 minutes augmenterait la productivité de 34% et le niveau de vigilance de 54%. 

    Si la sieste nous aide à être plus vigilant, si elle améliore nos performances cognitives, si elle évite la somnolence et si elle s’avère bénéfique pour notre santé, pourquoi n’est-elle pas obligatoire, comme c’était le cas en maternelle ? C’est parce qu’elle n’est pas considérée comme un besoin vital au travail, sauf dans certains métiers (les routiers, ceux qui travaillent dans certains domaines liés à la sécurité, etc.).

    Aussi, il faudrait que les employeurs fournissent à leurs salariés tous les équipements nécessaires à la sieste, comme des lits ou des canapés, des oreillers, des couvertures, etc. Entre les coûts supplémentaires engendrés et les infrastructures qui viendraient à manquer (pas la place nécessaire par exemple), la mise en place d’un système de sieste paraît compliquée. Une raison de plus d’apprécier le télétravail qui offre la possibilité de faire une courte sieste en toute sérénité. Ceci étant dit, certaines grandes entreprises comme Google ou Renault ont déjà testé au sein de leurs bureaux des espaces sieste. Et comme au Japon, où les salles de repos sont monnaie-courante, une entreprise peut aussi acheter du mobilier spécialisé, comme ces placards à sieste pour s’endormir quelques minutes… debout. 

    Par contre, dans la même enquête de l’agence Adecco, les Français sont catégoriques. Ils sont ok pour la sieste au boulot, mais pas pour terminer plus tard le boulot : 89% ne veulent pas que ce temps de repos modifie pour autant leurs horaires de travail. Pas sûr que cet argument donne envie aux patrons d’instaurer un créneau sieste dans leurs entreprises.

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