2021 M09 29
Si le nombre d’interventions a baissé depuis le début de la crise Covid en mars 2020 (et l’année scolaire en dents de scie qui en a découlé), de nombreuses associations LGBT+ dans toute la France continuent de se démener pour effectuer des formations et des ateliers en écoles, collèges et lycées.
En parallèle, avec 42 objectifs à atteindre d'ici à 2023, la ministre chargée de la diversité, Elisabeth Moreno, avait présenté en octobre dernier un Plan pour l'égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-LGBT, mettant notamment l'accent sur l'éducation, afin de, plus précisément, combattre l'homophobie.
#reconfinement Elisabeth Moreno, ministre déléguée à l'Égalité et la diversité, promet des hébergements d'urgence pour les jeunes #LGBT et victimes de violences conjugales au sein des couples LGBT, financés « à hauteur des besoins »
— STOP HOMOPHOBIE (@stop_homophobie) November 2, 2020
👉 https://t.co/H7gbrLPQMh
Parmi les objectifs, la ministre a surtout insisté sur le volet éducation. "Parce qu'elles naissent dès l'enfance, les discriminations et inégalités peuvent aussi se corriger, en y mettant des moyens. (...) L'école doit donc être le premier lieu de sensibilisation et de prévention et participer à la déconstruction des stéréotypes tenaces".
Elle prévoyait ainsi, avec Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, d'"amplifier" la formation des équipes pédagogiques et éducatives. Un site internet appelé "Éduquer contre les LGBTphobies" devait être lancé, afin de "donner aux enseignants des armes pour combattre l'homophobie et la transphobie et permettre la bonne inclusion des élèves LGBT+". Cependant, il n’est jamais sorti de terre, la campagne restant à l'état de guide pratique.
Reçue hier par @blanquer @SOShomophobie a rappelé le rôle de l’éducation dans la prévention des #LGBTphobies.
— SOS homophobie (@SOShomophobie) December 14, 2018
Il faut:
✅former de manière effective le personnel
✅enseigner les luttes #LGBT à l’école
✅mieux inclure les personnes #trans
✅soutenir plus les assos agréés #IMS pic.twitter.com/9aJ8OnilvC
Homophobie et harcèlement, les deux faces d'une même pièce
Les associations telles que MAG Jeunes LGBT (Mouvement d’Affirmation des Jeunes Gais, Lesbiennes, Bi & Trans), en Île-de-France, ou les assos réunies sous la bannière du Centre LGBT de Nice, n’ont pas attendu ce plan pour mettre en place des actions dans les établissements scolaires. "Concrètement, elles se réalisent sous forme d’un débat entre les élèves et les intervenant-e-s, où des thèmes comme la transidentité, les stéréotypes de genre et la découverte de son orientation sexuelle sont abordés", explique-t-on à MAG.
"La proximité d’âge entre les intervenant-e-s et les élèves favorise le dialogue ouvert et permet aux jeunes lycéen-ne-s et collégien-ne-s de s’exprimer librement et sans tabou". En ligne de mire, l’homophobie, qui est à même de gangréner, au même titre que le harcèlement, les établissements scolaires.
Une étude de la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) et de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH), datée de décembre 2018, indiquait que 3,9 % des lycéens déclaraient être victimes d'insultes homophobes, et 4,9 % des élèves en lycée professionnel. 18% des lycéens ou étudiants LGBT déclarent quant à eux avoir été insultés au cours des 12 derniers mois. Quand on est "out", les menaces sont donc plus fortes.
Solidarité avec la Langouste à Bretelles - le Centre LGBT dAvignon, dont les locaux ont été vandalisés à plusieurs reprises. #Homophobie pic.twitter.com/gSWKWwSAB6
— Fédération LGBTI+ (@FederationLGBTI) August 1, 2018
"Les études nous orientent et nous aident, donc le gouvernement nous sert au moins à ça, résume le directeur de La LanGouste à BreTelles, le centre LGBT d’Avignon. Mais ensuite, dans les faits, il n’y a plus personne. Heureusement qu’on trouve au moins des profs et des directrices et directeurs d’établissements compréhensifs et proactifs."
Banalisées, les violences homophobes et transphobes se sont parfois installées dans le quotidien des classes, en particulier dans les quartiers dits sensibles, où peu d'élèves osent en parler. Les conséquences sont connues : repli sur soi, échec scolaire, décrochage, pouvant aller parfois jusqu’à des comportements suicidaires.
Lancement de la nouvelle campagne de lutte contre l’homophobie et la transphobie à l’École par @jmblanquer en présence de @GillesPecout et de @SOShomophobie au lycée Hector Guimard (19e).
— Académie de Paris (@Academie_Paris) January 28, 2019
Tous égaux, tous alliés, tous engagés
Toute l'info 👉https://t.co/9SnRyo5Rqz #LGBTphobies pic.twitter.com/1iY2QHJx9L
"Les LGBTphobies restent ancrées dans notre pays"
Du coup, la campagne de sensibilisation contre la haine anti-LGBT créée par le gouvernement, appelée "Tous égaux, tous alliés", tombe un peu à plat. Lancée récemment par le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, trois ans après l’opération "L’homophobie n’a pas sa place à l’école", elle tarde à montrer ses résultats. En 2019, la campagne "ça suffit !" avait été un semi-échec. Les commentaires sous les vidéos YouTube de la campagne avaient même été désactivés.
"Les LGBTphobies restent malheureusement ancrées dans notre pays", déplorent les assos : 1870 victimes d'actes homophobes et transphobes ont été recensées par le ministère de l'Intérieur en 2019. Au total, 55% des personnes LGBT+ ont subi des actes anti-LGBT+ au cours de leur vie. Les personnes homosexuelles et bisexuelles ont en moyenne un risque de suicide quatre fois plus élevé que l'ensemble de la population, et les personnes trans sept fois plus.
Pour Véronique Cerasoli, de SOS Homophobie, la déception pointe déjà : "Ce plan va dans le bon sens, mais on peine à voir comment les mesures vont être mises en application, en termes de moyens et de coordination entre ministères", réagit-elle. "Nous saluons le comité de suivi. Nous serons vigilants", assure-t-elle. SOS Homophobie, qui fait également de la sensibilisation en milieu scolaire dans tout le pays, indique avoir constaté en 2020 une hausse de 38% des signalements "d'actes LGBTphobes en milieu scolaire". Le combat continue.