2020 M10 2
On entend beaucoup parler d’hydrogène dans l’actualité ces derniers mois. La France vient d’annoncer un plan à 7 milliards d’euros pour soutenir la filière tandis que nos amis allemands investissent en parallèle 9 milliards d’euros sur le sujet. Et ailleurs, des pays comme le Japon, la Corée ou les Etats-Unis regardent de très près cette nouvelle possibilité.
Mais l’hydrogène, qu’est ce que c’est et pourquoi est-ce qu’on s’y intéresse tout à coup ?
En soit, le sujet de l’hydrogène n’est pas vraiment nouveau. C’est un gaz qu’on connait et qu’on maîtrise depuis très longtemps. On l’utilise depuis des dizaines d’années dans des domaines comme la chimie, l’agroalimentaire ou l’aérospatial. Par exemple, les fusées Ariane sont propulsées à l’hydrogène. Autre exemple dans l’alimentaire, où la margarine est fabriquée grâce de l’hydrogène.
Problème : Jusqu’ici les techniques pour obtenir l’hydrogène (la principale s’appelle “vaporeformage du méthane”) étaient extrêmement polluantes. Pour 1 kilo d’hydrogène, on rejetait en parallèle 10 kilos de CO2 dans l’atmosphère. Ça n’est donc pas très eco-friendly. On appelle ça “l’hydrogène gris”, en opposition à l’hydrogène vert, obtenu par des énergies renouvelables ou bas-carbone (en l'occurrence, le nucléaire).
Les énergies renouvelables changent la donne
Mais voilà, depuis quelques années, l’hydrogène vert a fait son apparition sur le marché, d’une part grâce au développement des énergies renouvelables et d’autre part grâce à l’industrialisation d’une méthode appelée “électrolyse de l’eau”.
Une technique qui consiste à utiliser de l’électricité pour séparer la molécule d’eau de la molécule d’hydrogène. Si on utilise pour cela de l’électricité d’origine renouvelable (via des panneaux solaires ou des éoliennes, par exemple), ça permet d’obtenir de l’hydrogène en grande quantité et de manière durable, sans rejeter un seul gramme de CO2 dans l’atmosphère.
C’est par exemple ce que font des entreprises comme Lhyfe. Mais elle n’est pas seule, il existe énormément d’acteurs sur ce sujet, et EDF en fait aussi partie. D’autant qu’en France - contrairement à l’Allemagne qui utilise du charbon - notre électricité est déjà bas-carbone grâce au nucléaire.
Du coup, cela change la donne car ce gaz peut accélérer drastiquement la transition écologique, surtout en matière de mobilité.
« L’hydrogène peut devenir l’un des piliers d’un modèle énergétique neutre en carbone. Cette molécule, qui renferme énormément d’énergie, va devenir indispensable compte-tenu de l’étendue de ses propriétés. Nicolas Hulot. »
L’hydrogène vert, mais pourquoi faire ?
Alors, produire de l’hydrogène de manière durable grâce aux énergies renouvelables, ok. Mais pourquoi faire, et quel lien avec la transition écologique ?
Eh bien le principal atout de l’hydrogène, c’est qu’il peut alimenter des piles à combustibles qui servent dans les véhicules électriques. Voitures, camions, trains ou encore bateaux sont concernés. C’est plus simple et moins problématique que les batteries lithium-ion. Notamment car cela nous évite d’être dépendant de la Chine pour la fabrication de ces batteries.
Et puis c’est aussi beaucoup plus efficace en matière d’autonomie et de rapidité de charge. Pour les véhicules lourds comme les camions, les trains ou encore les bennes à ordures, c’est la solution parfaite. En plus, ça fait des véhicules silencieux.
Obtenir de l’hydrogène vert permettrait donc de développer plus rapidement des véhicules propres. Et comme le secteur des transports est de loin le secteur le plus émetteur de CO2 dans le monde, on a tous à y gagner.
En outre, l’hydrogène peut aussi servir à stocker l’électricité produite par les éoliennes et les panneaux solaires. C’est le second avantage de ce gaz qui permettrait de résoudre la question de l’intermittence des EnR (quand il n’y a pas de vent ou pas de soleil).
Alors, aujourd’hui, l’hydrogène vert n’est pas compétitive sur le marché car les technologies sont encore récentes. Mais dans les années à venir, ce pourrait être l’une des clés de voûte d’une société décarbonée. Pour ça, il faut investir dans la filière. C’est donc ce que prévoient la France et ses partenaires européens en ce moment.