

La décroissance peut-elle vraiment éviter la fin du monde ?
La décroissance, c'est cette théorie qui repense tout notre système. Et si on produisait simplement... moins, pour être plus heureux et sauver la planète ? Pour l'économiste Thimothé Parrique, c'est une évidence. Et voici pourquoi.
November 21, 2022
La croissance, le profit, les augmentations… Notre système entier repose sur la volonté d'en vouloir toujours davantage. Or, qui dit croissance ne dit pas forcément équité. Du coup, on se demande : ne faudrait-il mieux pas miser sur la décroissance ? Ce concept politique, économique et social, qu'on appelle aussi régression, remet en cause l'idée selon laquelle l'augmentation des richesses produites conduit à l'augmentation du bien-être social. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est une idée qui en séduit plus d'un.
Produire moins est positif pour la nature
Pourtant, sur le papier, le concept même ne fait pas rêver. La croissance, c'est ce qui théoriquement nous élève, alors que la décroissance… Comment est-ce que produire moins pourrait nous être bénéfique ? Une chose est sûre, la décroissance est positive pour l'environnement. La crise de la Covid-19 qui a paralysé le monde et offert à la planète un peu de répit, nous l'a prouvé. Mais les humains dans tout ça ? On est en droit de s'interroger quand on sait l'inflation actuelle en France et qu'on découvre le dernier rapport du Secours catholique. Publié le 17 novembre 2022, on y apprend qu'en 2021, parmi les ménages rencontrés par l'association, 69 % vivaient sous le seuil d'extrême pauvreté. C'est 3 % de plus qu'en 2020 ! La logique voudrait qu'en produisant plus, on réduise les inégalités sociales, non ?

Pour Timothé Parrique, docteur en économie, nous n'avons pas le choix : il faut ralentir ou périr. C'est d'ailleurs le titre de son essai, publié en octobre 2022 aux éditions Seuil. Il y déconstruit le mythe de la croissance et explore un chemin de transition vers une économie dit « de la post-croissance ». En quoi ça consisterait ? Cela peut paraître un brin utopiste, mais l'économiste le revendique sur Twitter :
« Oublions la croissance du PIB et attelons-nous à faire croître des arbres, des coraux, des abeilles et des démocraties. »
La croissance verte, c'est possible ?
Pour Timothé Parrique, pas de doute : Le GIEC a enterré la stratégie de la croissance verte. L'économiste estime même que, pour les pays riches, la décroissance est inévitable si nous voulons éviter la catastrophe. En 2019, l'European Environmental Bureau (EEB) faisait déjà sa fête à cette croissance verte, qui reste à ce jour la réponse dominante des politiques à l'urgence écologique... Il estime qu'il existe « au moins 7 raisons (détaillées ICI, Ndlr) d’être sceptique sur la possibilité d’un découplage suffisant pour le futur. Chacune de ces raisons prises individuellement met en doute la faisabilité de la croissance verte. »
La croissance alimente le réchauffement climatique et la croissance verte n'existe pas… Il reste donc la décroissance, une théorique qui effraie, pourtant ses adeptes sont formels : la décroissance (ou plutôt les décroissances, en fait) ne riment pas avec récession. La décroissance, c'est avant tout sortir d’un modèle économique fondé sur la croissance du PIB, produire mieux et faire un partage plus équitable de la production et des ressources. Timothée Parrique nous invite à la « dé-économisation » de la société.
La décroissance comme solution aux crises sociales et sociétales ?
Il est très difficile de répondre à cette question dans un article. Ce n'est pas pour rien que des gens écrivent des thèses à ce sujet… Mais pour résumer, la vidéo ci-dessous s'avère très instructive, et nous prouve qu'on parlait déjà de décroissance en 2014 ! Elle dure 3 minutes et a été conçue et réalisée par l'agence Sydo.
Du coup, on vous laisse vous faire votre avis sur la question de la décroissance. Nous, quand on lit la définition qu'en fait Polytechnique, on se dit que ça n'a pas l'air si terrible...
« La décroissance est une réduction planifiée et démocratique de la production et de la consommation dans les pays riches pour réduire les pressions environnementales et les inégalités, tout en améliorant le bien-être. Quatre caractéristiques donc : soutenabilité, justice, bien-être et démocratie. »
Crédit photo Une : Wikipédia.