Plus fou que Jurassic Park : cet homme veut créer des mammouths pour lutter contre le réchauffement climatique

Et si nous ressuscitions le mammouth laineux, une espèce disparue il y a plus de 10 000 ans ? C’est l’ambition folle du chimiste, généticien et ingénieur en biologie moléculaire Georges Church. L’intérêt ? Eviter la fin du monde, ni plus ni moins.
  • Le projet dingue consistant à ramener à la vie le mammouth laineux est né il y a une quinzaine d'années. Pour le mener à bien, l’ancien professeur de génétique à Harvard Georges Church a créé, avec l’entrepreneur Ben Lamm, la start-up Colossal. Mais peut-on vraiment ressusciter une espèce animale éteinte ? Ce qui est disparu l’est-il pour toujours ?

    Tori Herridge, biologiste et paléontologue au muséum d’histoire naturelle de Londres nous met en garde sur Twitter : « Ça n’est pas de la désextinction, il n’y aura plus jamais de mammouths sur Terre. »

     

    En réalité, ce que les chercheurs souhaitent faire, c’est créer une toute nouvelle espèce, un genre de gros éléphant à poils longs. 

    Mammouth laineux X éléphant d’Asie

    Pour ce projet digne d’un film de science-fiction, Georges Church a vu les choses en grand. Il s’est entouré de Robin Alta Charo une des principales autorités américaines en matière de bioéthique et de S. Matthew Liao, philosophe américain spécialisé en bioéthique et éthique normative. Ensemble, ils espèrent créer une espèce hybride, mélange du mammouth laineux et de l’éléphant d’Asie.

    Les deux espèces partageant 99.6% d’ADN, l’équipe de Colossal imagine ajouter des séquences de l’ADN du mammouth retrouvées en Sibérie au génome (ensemble du matériel génétique d'un organisme) de l’éléphant.

    Petit hic ? L’éléphant d’Asie est une espèce protégée depuis février 2020. Impossible donc d’avoir recours à une mère porteuse. Deuxième défi pour les ingénieurs : créer un utérus artificiel d’éléphant…

    C’est quoi le rapport avec le réchauffement climatique ? 

    En quoi un pachyderme génétiquement modifié nous aidera à lutter contre le réchauffement climatique ? Les ingénieurs de Colossal pensent qu’en introduisant ces éléphants hybrides en Arctique, ils remodèleront les écosystèmes.

    La disparition des mammouths, il y a des milliers d'années, a favorisé le développement de la toundra. Or celle-ci reflète moins bien le rayonnement du soleil que la glace. En piétinant le sol, les mammouths laineux made in laboratoire protégeraient le pergélisol des rayons du soleil.

    Pergélisol, nom masculin : Sol minéral brut des régions arctiques, gelé en permanence à une certaine profondeur (…) Actuellement, sous l’effet du réchauffement climatique, le pergélisol fond en surface. La fermentation de la matière organique qu’il renferme produit des gaz à effet de serre (CO2, méthane) qui contribuent à amplifier ce réchauffement.

    Est-ce que ça pourrait marcher ? L’avenir nous le dira. Est-ce éthique ? Vaste débat. Ce qui est sûr, c’est que le projet coûte bonbon. L’entreprise a déjà récolté 15 millions de dollars… Une somme à la hauteur, sans doute, du peut-être futur plus grand animal terrestre de la planète.

    Les chercheurs estiment donner naissance à leur premier hybride d’ici 2027 ans. Celui-ci ne sera en âge de se reproduire qu’à 14 ans. Et il faudra encore des années pour que la population soit assez dense pour avoir un potentiel impact sur le réchauffement climatique…

    En gros, Jurassic Park, c’est pas pour tout de suite.