Le passeport non-binaire ? Aux USA, c'est enfin une réalité

C'est un grand pas pour la communauté LGBTQIA+ des États-Unis. Depuis le mois dernier, les personnes non-binaires peuvent maintenant choisir le genre neutre sur leur passeport.
  • Le 27 octobre 2021, Dana Zyym, activiste intersexe (né.e avec des caractères sexuels qui ne correspondent pas aux corps types masculins ou féminins) et vétéran de la marine américaine, a reçu le tout premier passeport non-binaire jamais délivré aux États-Unis. Un grand pas vers l’égalité des genres, et qui s’est encore agrandi le lundi 11 avril dernier. 

    Il faut dire que le président américain, Joe Biden, a fait des droits LGBT+ une priorité. Dès le 1er jour de son mandat, il a promulgué un décret visant à  « prévenir et combattre les discriminations sur la base de l'identité de genre ou l'orientation sexuelle ». Il a également nommé Jessica Stern, « envoyée spéciale américaine » pour la défense des droits de la communauté LGBT+ à travers le monde.

    Ainsi, en février dernier sur Twitter, dès que la loi « Don't say gay » (ne dites pas gay) a été adoptée par le Sénat de Floride, Joe Biden a apporté son soutien à la communauté LGBTQIA+. Cette loi liberticide interdit effectivement de parler d'identités ou d'orientations sexuelles dans les écoles primaires.

    Le passeport non-binaire, c’est donc un grand pas vers l’égalité des genres. Et depuis le 11 avril 2022 aux États-Unis, tout le monde peut désormais l'obtenir. Mais ça veut dire quoi au juste ? Que sur le formulaire administratif, pour obtenir un passeport américain, il sera possible de choisir entre les genres F (femme), H (homme) ou X (neutre).

    Ne confondez pas « identité de genre » et « expression de genre » !
    Certaines personnes trans ou non-binaires ne se reconnaissent ni dans le pronom
    « il » (he),
    ni dans le pronom
    « elle » (she) et préfèrent le pronom neutre « iel » (they).

    Une petite case en plus sur de la paperasse… Mais une victoire et de l'espoir pour les quelque 1,2 million de personnes vivant aux États-Unis et se définissant comme non-binaire (selon une étude de l’Institut Williams et de l’Université de Californie publiée en juin dernier).

    Cette même étude révèle par ailleurs que 82 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été victime d’abus émotionnels pendant leur enfance et 55 % ont évoqué avoir été victime d’abus sexuels une fois arrivées à l'âge adulte. De même, 11 % ont été confrontées aux « thérapies de conversion », une pratique traumatisante et barbare, encore légale aux États-Unis et interdite seulement depuis le début de l’année en France. 

    Au regard de ces chiffres, on se dit que le combat juridique qui a opposé pendant six ans Dana Zzyym à l'État du Colorado avait vraiment du sens. Il ne s'agit pas d'une simple lettre sur un passeport, mais du droit à être qui l'on est vraiment. 

    Dans une interview filmée l’année dernière, iel déclarait :

    « Je suis une personne intersexe et à ce titre, j’ai des droits. (…) J’espère que les nouvelles générations décrocheront ce que j’ai décroché et commenceront à se battre davantage. Car maintenant, elles ont une reconnaissance légale, ce qui est un bon début pour obtenir des droits civiques. »

    Pour autant, cette avancée s’effectue dans un monde où les droits des personnes LGBTQIA+ sont loin d’être acquis. Selon la chaine de télévision américaine NBC News, depuis le 1er janvier 2022, ce sont 238 projets de loi anti-LGBTQIA+ qui ont été déposés aux États-Unis. Soit trois lois LGBTphobes par jour… 

    Un triste record qui fait écho à la situation en France. On vous le rappelait déjà à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie : les délits et crimes anti-LGBTQIA+ ont augmenté de 28 % en France, entre 2020 et 2021.

    À quand la reconnaissance du genre neutre et un passeport non-binaire en France ? Pour rappel, dans plusieurs pays comme l’Australie, la Malaisie ou encore l’Allemagne, le genre neutre existe sur les documents d'état civil depuis plusieurs années. 
     

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