

Le passeport non-binaire ? Aux USA, c'est enfin une réalité
C'est un grand pas pour la communauté LGBTQIA+ des États-Unis. Depuis le mois dernier, les personnes non-binaires peuvent maintenant choisir le genre neutre sur leur passeport.
2022 M05 20
Le 27 octobre 2021, Dana Zyym, activiste intersexe (né.e avec des caractères sexuels qui ne correspondent pas aux corps types masculins ou féminins) et vétéran de la marine américaine, a reçu le tout premier passeport non-binaire jamais délivré aux États-Unis. Un grand pas vers l’égalité des genres, et qui s’est encore agrandi le lundi 11 avril dernier.
Il faut dire que le président américain, Joe Biden, a fait des droits LGBT+ une priorité. Dès le 1er jour de son mandat, il a promulgué un décret visant à « prévenir et combattre les discriminations sur la base de l'identité de genre ou l'orientation sexuelle ». Il a également nommé Jessica Stern, « envoyée spéciale américaine » pour la défense des droits de la communauté LGBT+ à travers le monde.
I want every member of the LGBTQI+ community — especially the kids who will be impacted by this hateful bill — to know that you are loved and accepted just as you are. I have your back, and my Administration will continue to fight for the protections and safety you deserve. https://t.co/OcAIMeVpHL
— President Biden (@POTUS) February 8, 2022
Ainsi, en février dernier sur Twitter, dès que la loi « Don't say gay » (ne dites pas gay) a été adoptée par le Sénat de Floride, Joe Biden a apporté son soutien à la communauté LGBTQIA+. Cette loi liberticide interdit effectivement de parler d'identités ou d'orientations sexuelles dans les écoles primaires.
Le passeport non-binaire, c’est donc un grand pas vers l’égalité des genres. Et depuis le 11 avril 2022 aux États-Unis, tout le monde peut désormais l'obtenir. Mais ça veut dire quoi au juste ? Que sur le formulaire administratif, pour obtenir un passeport américain, il sera possible de choisir entre les genres F (femme), H (homme) ou X (neutre).

Ne confondez pas « identité de genre » et « expression de genre » !
Certaines personnes trans ou non-binaires ne se reconnaissent ni dans le pronom « il » (he),
ni dans le pronom « elle » (she) et préfèrent le pronom neutre « iel » (they).
Une petite case en plus sur de la paperasse… Mais une victoire et de l'espoir pour les quelque 1,2 million de personnes vivant aux États-Unis et se définissant comme non-binaire (selon une étude de l’Institut Williams et de l’Université de Californie publiée en juin dernier).
Cette même étude révèle par ailleurs que 82 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été victime d’abus émotionnels pendant leur enfance et 55 % ont évoqué avoir été victime d’abus sexuels une fois arrivées à l'âge adulte. De même, 11 % ont été confrontées aux « thérapies de conversion », une pratique traumatisante et barbare, encore légale aux États-Unis et interdite seulement depuis le début de l’année en France.
Au regard de ces chiffres, on se dit que le combat juridique qui a opposé pendant six ans Dana Zzyym à l'État du Colorado avait vraiment du sens. Il ne s'agit pas d'une simple lettre sur un passeport, mais du droit à être qui l'on est vraiment.
Dans une interview filmée l’année dernière, iel déclarait :
« Je suis une personne intersexe et à ce titre, j’ai des droits. (…) J’espère que les nouvelles générations décrocheront ce que j’ai décroché et commenceront à se battre davantage. Car maintenant, elles ont une reconnaissance légale, ce qui est un bon début pour obtenir des droits civiques. »
Pour autant, cette avancée s’effectue dans un monde où les droits des personnes LGBTQIA+ sont loin d’être acquis. Selon la chaine de télévision américaine NBC News, depuis le 1er janvier 2022, ce sont 238 projets de loi anti-LGBTQIA+ qui ont été déposés aux États-Unis. Soit trois lois LGBTphobes par jour…
Un triste record qui fait écho à la situation en France. On vous le rappelait déjà à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie : les délits et crimes anti-LGBTQIA+ ont augmenté de 28 % en France, entre 2020 et 2021.
À quand la reconnaissance du genre neutre et un passeport non-binaire en France ? Pour rappel, dans plusieurs pays comme l’Australie, la Malaisie ou encore l’Allemagne, le genre neutre existe sur les documents d'état civil depuis plusieurs années.