Le retour du kakapo

Son espèce a failli s’éteindre dans les années 70, pourtant le kakapo, le plus gros perroquet du monde, semble être de retour en Nouvelle-Zélande. En 2021, grâce à un programme de réintroduction unique au monde sa population vient d’augmenter de 25% pour atteindre un total de 252 spécimens.
  • Avec son plumage vert, son bec crochu et sa tête de hibou, le kakapo est le plus gros perroquet connu au monde : près de 4 kilos pour les mâles et 2 pour les femelles ! Il peut mesurer jusqu'à 64 centimètres et vivre jusqu’à 90 ans, ce qui en ferait l’oiseau à la plus grande longévité. Actif la nuit, le kakapo vit dans les arbres, dans lesquels il grimpe grâce à ses griffes et son bec. C’est un drôle d’oiseau avec un drôle de nom : kakapo signifie « perroquet de nuit » en maori. Son histoire est moins drôle en revanche. En effet, il peuplait en nombre toute la Nouvelle-Zélande avant l’arrivée des premiers hommes, les Maoris, entre 700 à 1200 de notre ère. 

    Au XVIIIe siècle, les colons européens débarquent avec dans leurs cales des lapins –embarqués pour nourrir les marins. Mais les petits herbivores se reproduisent vite... Trop vite. L’homme décide alors d’importer des prédateurs (hermines, fouines, furets…) pour contrôler leur population. Ce geste va signer l’arrêt de mort du kakapo. Contrairement à d’autres oiseaux il ne vole pas et devient une proie (trop) facile pour les prédateurs de lapins. Par ailleurs, la consanguinité et la très faible fertilité ; seuls 50% des œufs sont fécondés ajouté au fait que la saison de reproduction n'intervient que tous les deux ou trois ans, lorsque le pin rimu, un arbre indigène, portent ses fruits compliquent encore plus les choses.

    Dans les années 1970 il ne reste que 18 spécimens dans l’archipel. L’animal est immédiatement inscrit sur la liste des espèces gravement menacées d’extinction. Et à la fin des années 80 le programme kakapo Recovery est mis en place. Résultat : en 2021, la population de kakapo a augmenté de 25% pour atteindre 252 oiseaux. Elle est aujourd'hui à son niveau le plus élevé depuis les années 1970. « Il n'y en avait que 86 lorsque j'ai commencé à travailler comme garde forestier en charge du kakapo en 2002. Ce chiffre était effrayant. Le fait d'avoir une saison de reproduction avec 55 poussins est une étape très positive », a déclaré à l’agence REUTERS Deidre Vercoe, à la tête du programme de conservation.

    Un programme unique au monde

    Ce programme est le fruit d'une collaboration entre le ministère de la Conservation de la Nouvelle-Zélande et la tribu maorie Ngai Tahu et fait appel à des bénévoles pour aider à la surveillance des nids. Le succès de la saison 2022 est lié à la quantité de fruits sur les pins rimu et à l'insémination artificielle qui a donné naissance à huit poussins contre seulement cinq au cours de la décennie qui a précédé 2019. « L'utilisation de l'insémination artificielle a permis à certains mâles, qui n'avaient pas encore procréé naturellement, d'être toujours représentés dans le future patrimoine génétique », a indiqué Deidre Vercoe. 

    « Occasionnellement, nous réduisons le nombre de poussins dont la femelle aura à s’occuper en prenant des œufs. Nous les faisons incuber, en reproduisant la température et l’humidité d’un nid de kakapo ». Les bénévoles profitent de l’absence de la mère pour prélever quelques œufs et les faire incuber en toute sécurité dans leur laboratoire. Dans le nid, ils les remplacent par des faux œufs, dotés d’une option « cri de poussins » afin de mimer les sons émis par les petits. Prochain projet : le recours à des drones pour livrer du sperme frais aux femelles !

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