2022 M07 28
Avec 2,7% de part modale en 2019, la pratique du vélo en France s’intensifie très largement depuis 2020 et la sortie du premier confinement. Dans les métropoles françaises, les pistes cyclables sont plus nombreuses et plus fournies, à tel point que la part du vélo dans les déplacements français pourrait s’élever à 12% d’ici 2030.
Mais derrière ces chiffres se cache aussi une vérité : l’usage du vélo reflète une fracture à la fois territoriale et sociale dans notre pays et illustre un clivage apparent entre les femmes et les hommes.
C’est en tout cas ce que révèle une enquête menée par le Ministère de la Transition écologique, qui démontre que les hommes utilisent 3 fois plus le vélo que les femmes dans leurs déplacements. Une différence qui s’explique notamment par un sentiment d’insécurité ou encore la peur de l’accident. Par ailleurs, une étude réalisée par le géographe Yves Raibaud illustre aussi que, parmi les femmes qui pratiquent le vélo, les femmes issues des milieux défavorisés sont les moins représentées.
Un constat qui a poussé plusieurs associations, en Europe, à proposer des formations aux femmes issues de milieux précaires et aux femmes issues de l’immigration afin qu’elles puissent faire du vélo un outil d’émancipation et d’inclusion sociale.
Le vélo, outil d’inclusion sociale et professionnelle
“Dans les cours adultes des vélos écoles, ce sont essentiellement des femmes issues de l’immigration qui choisissent d’apprendre ”, témoigne Maryline Robalo, présidente et co-fondatrice de l’association Cycl’Avenir.
Inspirée de l’initiative impulsée par sa voisine allemande Bike Bridge, l’association a vu le jour en 2020 afin de favoriser l’inclusion sociale et professionnelle à travers le vélo à travers un programme baptisé “En s’Elle(s)”, qui a déjà profité à 50 femmes en 2021 et qui devrait former plus de 150 personnes cette année.
Ces initiatives, on les retrouve également avec d’autres acteurs, comme Terre d’Asile ou Emmaüs Solidarité. L’idée est généralement de prodiguer un apprentissage du vélo à celles qui n’en n’ont jamais eu l’occasion afin de les amener à savoir se déplacer en autonomie en ville.
Derrière, l’idée est ainsi d’offrir à ces femmes un accès à la mobilité afin de lever des barrières pour leur employabilité. Cela fait plusieurs années que les professionnels de l’insertion, de l’emploi et de la politique de la ville alertent sur l’importance de lever les freins à la mobilité, qui est obstacle majeur dans l’accès à l’emploi des personnes en insertion en raison de difficultés : coût des transports, inadaptation des horaires, obligation du permis de conduire.
Or, le vélo représente un formidable levier pour lever ces freins et favoriser l’accès à la mobilité en ville, d’autant qu’il s’agit du moyen de transport le plus rapide en ville, mais aussi d’une mobilité écologique et d’un véhicule économique.