2021 M05 12
Au début des années 2010, environ 10 milliards de sacs plastique à usage unique étaient utilisés chaque année en Europe, dont 8 milliards étaient ensuite jetés dans la nature où ils allaient mettre plusieurs centaines d’années pour se dégrader.
De nombreux pays - dont la France depuis 2017 - interdisent maintenant les sacs en plastique à usage unique, qui sont remplacés par des sacs en papier, en tissu ou encore des sacs en plastique biodégradables.
Mais ces derniers posent question car s'ils ont en effet des propriétés biodégradables, il faut voir sous quelles conditions !
« Selon l'institut allemand spécialisé dans les bioplastiques Nova-Institute, en 2016, 100 000 tonnes de plastiques biodégradables ont été écoulés à travers le monde. »
Des sacs encore fonctionnels après 3 ans enfouis sous terre
Quand on entend parler de sacs biodégradables, on a tendance à imaginer des sacs qui pourraient être jetés dans la nature et qui vont se dégrader naturellement, un peu comme un trognon de pomme. Ce qui est (très) loin de la vérité.
Des chercheurs anglais de l’Université de Plymouth se sont penchés sur la question en testant 5 modèles de sacs différents. Un exemplaire de chaque a donc été plongé dans la mer et un autre enfoui sous terre. Leurs résultats sont édifiants : après 3 ans sous terre et en mer, certains sacs biodégradables pouvaient encore être remplis et soutenir environ 2 kilos de provisions du quotidien.
Les chercheurs ajoutent même que les sacs qui étaient présentés comme biodégradables n’ont pas semblé se détériorer « systématiquement plus rapidement que le polyéthylène conventionnel », c'est à dire un plastique traditionnel.
Biodégradable, oui, mais seulement sous certaines conditions…
En vérité, la majorité de ces sacs sont en fait conçus pour se dégrader dans des composteurs industriels, où la température est supérieure à 50°C et où l’on retrouve un fort taux d’humidité et une présence des micro-organismes adéquats. À ces conditions, ils sont en effet biodégradables. Mais dans la nature, ils ne changeront pas d’état.
La véritable dégradabilité de ces plastiques pose donc question, d’autant qu’ils ne se recyclent pas dans les filières de tri classiques et que très peu de collectivités sont pourvues de composteurs industriels qui permettent leur dégradation. Enfin, leur nom prête à confusion et induit en erreur des consommateurs qui veulent pourtant bien faire.
Certains acteurs, comme l’Ademe, appellent à rendre les sacs biodégradables payants de façon à inciter à privilégier d’autres alternatives. Encore une preuve que la perfection, en matière d'écologie, est difficile à atteindre. Mais dans le doute, privilégié des sacs en tissus semble une meilleure alternative à l'instant T.