Ciao les déchets électroniques : voici les premiers ordinateurs biodégradables

Laptops, écrans, smartphones... Ensemble, ils forment le type de déchets qui progresse le plus dans nos poubelles. Et seulement 17% sont recyclés. Heureusement des alternatives vertes existent.

Depuis le 1er janvier, la loi impose aux constructeurs high tech d’afficher l’indice de réparabilité de leurs produits. Une note sur 10 donnant un aperçu de la facilité (et des barrières) que vous rencontrerez pour faire réparer, entretenir et évoluer votre appareil au fil des années. Ceci dans le but de lutter contre l’obsolescence programmée en vous donnant un aperçu de la durée de vie réelle des machines que vous achetez.

Apple vient de communiquer ses notes, et cela fait jaser : ni son dernier iPhone, ni ses laptops n’arrivent à dépasser la note de 6/10. Et la concurrence ne fait guère mieux : le Surface Laptop de Microsoft avait récolté la note de 0 par le spécialiste iFixit... Pourtant il y a urgence tant nous générons de plus en plus de déchets électroniques.

reparabilité

Il n'y a jamais eu autant d'ordinateurs dans nos déchetteries

L’ONU les évalue à 53 millions de tonnes. L’équivalent de centaines de paquebots de croisière remplis de circuits imprimés, de puces, de piles au mercure, et – surtout – de larges morceaux de plastique. Le pire, c’est que c’est 9,2 millions de tonnes de plus que l’année précédente. A cette vitesse (+21 % en 5 ans), on devrait atteindre le triste record de 74 millions de tonnes à la fin de la décennie. Or la filière de revalorisation fait face à de grosses difficultés car nos machines ne sont pas pensée pour être facilement démontées : à peine 17 % des déchets sont récupérés et recyclés.

Si cela devrait nous inciter à faire encore plus entretenir et réparer nos machines, cela fait aussi réfléchir les constructeurs sur des ordinateurs plus écolos. Et là, un petit rayon de soleil jaillit dans un ciel gris aluminium : les innovations existent et vont parfois plus loin qu’on ne l’espérerait. Rapide tour d’horizon des plus prometteuses.

1. Un laptop qu’on met au composteur

Avec de la cellulose (le principal constituant des végétaux) enrobée d’amidon, on peut créer une pâte malléable qui durcit en séchant pour prendre la forme qu’on veut et ne craint pas l’eau. Un peu comme nos polymères donc, mais sans ressource fossile à la base. Deux en un, cela revalorise les déchets de l’industrie papetière et nous débarrasse des plastiques préformés pour fabriquer les boîtiers de nos ordinateurs et tous nos périphériques : clavier, souris…Ce bioplastique finira sa vie dans un composteur au lieu d’attendre qu’on les brûle dans une décharge.

mouse bioplastic

Jusqu’ici ces matériaux étaient l’apanage des PC de la marque anglaise Pentaform, faits en polymères biosourcés donc biodégradables avec une recherche permanente d’économies d’énergies et des emballages en champignon. Ils arrivent enfin dans les ordinateurs de Dell, pour sa série "Latitude". A terme, le constructeur veut remplacer 50 % de ses plastiques par des matières renouvelables ou issues de recyclage d’ici 10 ans. Si vous n’aimez pas attendre, vous pouvez déjà acheter ce pack souris et clavier en bambou de chez (comme c’est bien trouvé !) Bamboo Electronics pour une centaine d’euros.

clavier bambou

2. Une puce biodégradable en bois

Là, on entre dans le dur. Une équipe de chercheurs du Wisconsin a conçu en 2015 une pouce électronique en nano-fibrilles de cellulose. C’est un dérivé de bois, transparent, qui se dégrade sans difficulté. Presque trop en fait. Comme nos meubles, ces bio-matériaux absorbaient l’humidité et se dilatent en fonction de la température. Mais en ajoutant un revêtement en époxy, ils estiment avoir réglé la question et proposent désormais aux industriels une alternative crédible, quoique plus coûteuse que les chaînes de fabrication actuelle, parfaitement « rodées et bon marché » comme les décrit le Pr Zhenqiang Ma qui a conduit ces recherches. N’empêche, remplacer le silicium par du bois, voilà qui va inciter à planter encore plus et rien que ça devrait vous emballer.

3. Un ordinateur anti-obsolescence, vraiment réparable

A défaut de se dégrader proprement en plein air (qui jette son pc dans la nature ?) on peut chercher un ordinateur qui soit facile à démonter, pour remplacer une pièce défaillante ou améliorer ses performances plutôt que d’en racheter un et condamner l’ancien à la benne. C’est l’objectif visé par les Irlandais d’IamEco dont les laptops en bois sont prévu pour durer 10 ans (au lieu de 3 à 4 ans en moyenne aujourd’hui); et qui plus est produits sans plomb, ni mercure ni aucun des polluants bien connus de l’industrie, et pensés pour limiter le consommation d’énergie. Même combat chez les Californiens de Framework Laptop, et leur machines montées à partir de matériaux issus de la filière du recyclage dont chaque élément peut être remplacé, même la carte mère.

Tout cela ne réduira pas votre consommation énergétique (mollo sur le streaming), mais cela va considérablement réduire votre empreinte carbone et impact environnemental. Comme le précise l’ADEME, sur les 156 kg de CO2 qu’un pc émettra durant son cycle de vie, sa fabrication à elle seule seule génère 103 kg de CO2. On ne peut qu’améliorer ce constat.

Tout cela ne réduira pas votre consommation énergétique (on avait dit mollo sur le streaming...), mais cela va considérablement réduire votre empreinte carbone et impact environnemental. Comme le précise l’ADEME, sur les 156 kilos de CO2 qu’un laptop émettra durant son cycle de vie, sa fabrication à elle seule génère 103 kilos de CO2. On ne peut qu’améliorer ce constat, alors on compte sur vous pour rebooter votre machine.

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