2021 M01 14
Le problème : Et si on laissait les légumes péruviens au Pérou…
En 2021, plus le temps de réfléchir à nos habitudes de consommation alimentaire : elles doivent impérativement évoluer. Se préparer un bol de guacamole ou une salade de tomate au mois de décembre, c’est très agréable, mais est-ce bien raisonnable ? Selon une étude intitulée The Local Food Activists' Dilemma (en anglais), si "83 % de l’empreinte carbone des denrées alimentaires sont en fait dus à la production (lire ci-dessous) et non au transport", certains modes d’acheminement restent des aberrations écologiques.
Ce qui a changé légalement en France au 1er janvier 2021
Pour accompagner les agriculteurs dans une transition écologique, le gouvernement a notamment mis en place une mesure visant à prévenir tout risque de conflit d'intérêts pouvant résulter de la coexistence chez un même opérateur "d'activités de conseil et d'application, de vente ou de mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques". Un début.
Les solutions : En 2021, fruits et légumes seront locaux et bio, ou ne seront pas
Des célèbres AMAP au Potager d'Olivier, chaîne YouTube à succès, de l’ingénieuse appli Adopte ma Tomate aux coopératives de producteurs bio, sans oublier les potagers en permaculture sur les toits de bâtiments industriels en friche, le choix est vaste. Le dernier développement de cette soif de produits sains et locaux, à l’empreinte écologique faible : la location de potager, qui devrait connaître un boom considérable en 2021, avec notamment l’ouverture à Paris de Nature Urbaine, la plus grande ferme du genre en Europe. Il est toujours possible de réserver l'une des 135 parcelles pour y faire pousser ses propres légumes.
De nombreux autres sites proposent la mise à disposition (payante et encadrée) d’un jardin pour quelques heures ou quelques mois. Il suffit de se renseigner en mairie ou auprès des associations de votre quartier.
Le problème : Le plastique, tout le monde sait désormais que ce n’est pas fantastique
Chaque minute dans le monde, l’équivalent d’un camion benne rempli de déchets plastiques se déverse dans l’océan. Pas besoin de faire un dessin : aussi marginal que puisse être cette situation dans la vie réelle, la vision d’une vidéo de tortue avec une paille coincée dans le naseau, que des scientifiques sont obligés de retirer à la tenaille, suffit à vous brosser un portrait puissant de ce qui cloche dans nos habitudes de gaspillage. Plus près de chez nous, qui n’a jamais ressenti de dégoût sur une plage ou un chemin jonché de déchets plastique ?
Preuve que les choses sont en train de bouger, le "loin des yeux, loin du cœur" un brin cynique pratiqué jusqu’ici par les pays occidentaux, qui envoyaient sans vergogne leurs déchets plastique dans les pays en voie de développement, ne sera plus possible. Depuis le 1er janvier, les membres de l’UE ont interdiction d’exporter leurs déchets non triés ou dangereux vers des pays non-membres de l’OCDE.
Ce qui a changé légalement en France au 1er janvier 2021
L’économie circulaire s’octroie désormais une place de choix dans les priorités du gouvernement français. Pailles, couverts, touillettes, boites à sandwich, couvercles de boissons, tiges pour ballons, confettis et piques à steak : depuis le 1er janvier, ces produits sont dorénavant interdits. "Les distributeurs auront six mois pour écouler leurs stocks", a annoncé le gouvernement. L’objectif : atteindre zéro plastique à usage unique d’ici 2040.
Angèle Préville, sénatrice du Lot, vient en parallèle de sortir un rapport intitulé Pollution plastique : une bombe à retardement ?, rendu le 10 décembre dernier. Elle y préconise des recommandations : intégrer une campagne de ramassage de déchets plastique une fois par an dans les parcours scolaires, rendre obligatoire l’affichage en magasin de la possibilité pour le consommateur d’abandonner les emballages des produits en caisse...
Les solutions : Produits en vrac et recyclage à tous les étages
Du Drive Tout Nu à Paké, d’Embelium à Fairphone, les initiatives françaises et européennes sont légion. Bonne nouvelle : les contenants et le neuf n’ont plus la cote. Au marché comme dans les enseignes de grande distribution, les rayons de vrac sont nombreux. Même les liquides tels que l’huile, le vinaigre, les produits ménagers ou cosmétiques, se trouvent en vrac aujourd’hui, avec des systèmes de consignes très efficaces.
Notre coup de cœur (jeu de mots oblige) : Jean Bouteille. Cette start-up originaire des Hauts-de-France propose à ses magasins partenaires des récipients en verre pouvant être réutilisées à l’infini. "Le consommateur y trouve aussi bien des huiles bio venues de l’Aude, que du gel douche fabriqué en France, dans le plus strict respect de la réglementation", dévoilait Les Éclaireurs en décembre.
Le problème : Une planète en meilleure forme, c’est aussi une planète plus solidaire
Du forfait électricité aux nouvelles mobilités, de l’entraide pure et dure à l’éducation, l’écologie passera obligatoirement par le vivre-ensemble et le partage. Face à la surpopulation, on ne peut plus ignorer les bienfaits d’une entraide globale visant à améliorer les conditions de vie de chacun tout en économisant les ressources de la planète. Si l’être humain de 2020 fut bien souvent dans l’obligation de rester cloîtré chez soi, on commence également à évaluer l’impact désastreux que la pandémie de Covid-19 a eu sur la santé mentale de nombreuses personnes. Pour compenser ces dégâts, 2021 se devra d’être l’année de toutes les solidarités.
Ce qui a changé légalement en France au 1er janvier 2021
À l’occasion du Comité interministériel du handicap, le gouvernement a par exemple présenté fin novembre une série de mesures pour 2021, en faveur des personnes handicapées. Création d’une PCH parentalité (la prestation de compensation du handicap permettant de financer des aides humaines ou matérielles), prime de 4000 € pour l’embauche de travailleurs handicapés prolongée, rapprochement entre Pôle emploi et le réseau Cap emploi, "aide à la vie partagée" dans les départements volontaires pour développer l’habitat inclusif, numéro d’appui unique… seront autant de mesures prises pour améliorer l’intégration des personnes en situation de fragilité.
Les solutions. La solidarité en majesté en 2021 !
Emmaüs vient de créer des maisons modulables appelées Le Toi Emmaüs Solidarité, afin d’humaniser l’hébergement temporaire des sans-abris. Un peu à l’image de ce que vous présentait Les Éclaireurs en novembre dernier, avec l’excellent projet Un toit vers l’emploi. Ces mini-maisons avaient pour but d’accompagner la réinsertion des SDF, dans la région rouennaise. Les cinquante premières maisonnettes d’Emmaüs, livrées fin 2020, devraient permettre d'accueillir 200 personnes très bientôt.
On sait aussi que les boutiques solidaires employant des personnes handicapées, autistes ou en réinsertion sociale, se multiplient en France. Elles feront très prochainement l’objet sur ce site d’un article à part entière. En attendant, si vous vous trouvez dans la région, faites par exemple un tour à la pâtisserie L’Atelier, à Nantes. Cette dernière récupère les invendus de pains, fruits et légumes d’un Carrefour local, pour les faire transformer et vendre par une équipe composée de quinze personnes en situation de handicap.
Autre projet, celui-ci concernant l’énergie : deux communes de l’Essonne, Grigny et Viry-Châtillon, ont tout récemment créé un réseau sous-terrain de 19 kilomètres pour alimenter des quartiers en chauffage. Des équipements publics et plus de 10 000 logements sont ainsi fournis. Même les forfaits téléphoniques se mettent aux coopératives : TeleCoop se présente comme le "premier forfait mobile coopératif". Le principe ? Un forfait partagé, sans engagement (qui utilise le réseau Orange), comprenant appels et SMS, et avec une consommation de données partagée au prix de 2 euros par gigaoctet.
Le problème : La préservation de la biodiversité mondiale passe aussi par un effort en France
Ours polaires, orang-outang… Lorsque nous ne sommes pas devant un documentaire animalier, la préservation de la nature semble toujours un peu éloignée de nos préoccupations quotidiennes. Pourtant, notre pays abrite 10% des espèces connues sur la planète et possède le deuxième espace maritime mondial. L’une des priorités du One Planet Summit, qui s’est tenu lundi 11 janvier à l’Élysée, était donc la biodiversité, vitale à l’échelle globale.
Ce sommet international avait d’abord pour objectif l’émergence de coalitions "autour d’initiatives concrètes pour faire avancer la transition écologique". Quatre thèmes furent abordés : "La protection des écosystèmes terrestres et marins, la promotion de l’agroécologie, la mobilisation des financements pour la biodiversité, et enfin le lien entre déforestation, espèces et santé humaine, expliquait lundi l’Élysée.
Ce qui a changé légalement en France au 1er janvier 2021
Au-delà du délit d’écocide, encore à l’état de simple proposition de loi, au niveau franco-français de nouvelles règles visent à améliorer la parité dans les conseils d'administrations des agences de l'eau. C’est un peu léger. Quid des nombreuses propositions de la Convention citoyenne pour le climat, laissées quelque peu en friche ?
Les solutions : protéger le territoire et convaincre les pays réticents
Lors du One Planet Summit, la France a dévoilé sa stratégie d'aires protégées. Extension ou création de vingt réserves naturelles nationales, préservation renforcée du littoral, protection des terres australes... Le plan doit aboutir à la protection de 30% du territoire. Une stratégie qui se déclinera en plans d'action successifs : après les aires, des "activités durables" en leur sein, la défense d’un cadre mondial ambitieux pour la biodiversité.
"Nous allons nous battre", promettait lundi Yann Wehrling, ambassadeur de la France pour l'environnement. Pour WWF, "ce que nous avons sur la table n'est pas assez ambitieux ni exhaustif", a regretté mardi auprès de l'AFP Guido Broekhoven, craignant des réformes simplement cosmétiques. Au-delà des initiatives locales aux impacts limités, la planète a pourtant besoin de gestes politiques forts pour montrer l’exemple à ses propres citoyens et à ceux des pays amis (quand ils ne sont pas carrément réticents, à l'image du Brésil). Après une occasion manquée l'an dernier, 2021 sera-t-elle enfin l'année de la biodiversité ?