Renifler des aisselles pourrait calmer ceux qui souffrent d’anxiété sociale

Si vous stressez grave à l’idée d’interagir avec les autres, vous souffrez d’anxiété sociale. Bonne nouvelle : une équipe suédoise vient de démontrer qu’une exposition aux odeurs d’aisselles d’autrui pouvait réduire les angoisses excessives chez les patients concernés par cette pathologie.
  • L’anxiété sociale est un trouble de santé mentale qui provoque un stress intense chez les personnes qui participent à des activités sociales aussi banales que faire les courses, faire des démarches administratives, assister à des réunions professionnelles etc. Bref, la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour ceux qui présentent cette pathologie. 12,1 % des adultes américains seraient touchés au moins une fois au cours de leur vie. Mais le bout du tunnel n’est peut-être pas si loin. Selon les chercheurs de l’Institut Karolinska de Stockholm (Suède), les odeurs d’aisselles des autres – précision importante – ont des vertus apaisantes chez les patients qui, justement, souffrent d’anxiété sociale.

    Une réduction de 39 % du taux d’anxiété grâce aux odeurs de sueur

    Les patients qui ont suivi une séance de thérapie de pleine conscience et qui ont profité d’une exposition olfactive de sueur humaine ont montré une réduction d'environ 39 % de leurs scores d'anxiété. Le groupe témoin qui n’a reçu que la seule thérapie de pleine conscience, n’a vu ses scores d’anxiété reculer que de 17%. Comment interpréter ces résultats ? Nos émotions provoquent chez nous la production de molécules, de signaux chimiques, dans la sueur qui communiquent notre état émotionnel afin de susciter des réactions adaptées chez nos interlocuteurs. Cette découverte scientifique dont The Guardian s’est fait l’écho a été présentée au Congrès européen de psychiatrie, organisé à Paris en mars dernier : « Les résultats de notre étude préliminaire montrent que la combinaison de ces chimio-signaux avec la thérapie de pleine conscience semble donner de meilleurs résultats dans le traitement de l’anxiété sociale que la thérapie de pleine conscience seule », a résumé Elisa Vigna, l’auteure principale de l'étude.

    Une combinaison win-win

    L’expérience a consisté à collecter la sueur de volontaires. Les échantillons ont été prélevés sur des participants qui regardaient des extraits de films d’horreur qui foutaient bien les chocottes comme The Grudge ou des comédies bien rigolotes comme Mr Bean. L’idée : susciter des états émotionnels différents tels que la peur ou la joie pour voir si la transpiration produite provoquait des effets spécifiques sur le traitement. Ensuite, les chercheurs ont choisi 48 femmes, âgées entre 15 et 35 ans, souffrant toutes d'anxiété sociale. Ils les ont réparties en 3 groupes de 16 personnes. Pendant 2 jours, chaque groupe a été exposé à différents degrés d’odeurs, les fameux signaux chimiques odorants extraits des échantillons. Un groupe a respiré de l’air pur, tandis que les deux autres ont pu profiter des odeurs provoquées par les films terrifiants ou drôles.

    Une nouvelle thérapie contre l'anxiété sociale ?

    "Nous avons constaté que les femmes du groupe exposées à la sueur de personnes qui avaient regardé des films drôles ou effrayants répondaient mieux à la thérapie de pleine conscience que celles qui n'y avaient pas été exposées. Nous avons été un peu surpris de constater que l'état émotionnel de la personne qui produisait la sueur n’avait pas d’incidence sur les résultats du traitement : la sueur produite alors que quelqu'un était heureux avait le même effet que celle de quelqu'un qui avait été effrayé par un clip de film d’horreur. » a détaillé Elisa Vigna. Mais la prudence reste de mise. Ces résultats restent à confirmer.

    De nombreux mystères de l’odorat encore à découvrir

    En effet, selon la chercheuse, le simple fait d’être exposé à la présence d’autrui via ses odeurs pourrait avoir un effet bénéfique sur le traitement. Aussi une étude plus vaste, avec un nombre plus important de patients anxieux renifleurs s’impose. « Nous espérons que cela conduira à une nouvelle façon d’aider les personnes atteintes d’anxiété sociale, par exemple, en augmentant l’efficacité des interventions ou en offrant une alternative à ceux qui ne répondent pas aux traitements ».
    Cette étude renforce l’idée selon laquelle il existe un lien étroit entre nos odeurs et nos états émotionnels. D'ailleurs, une autre étude scientifique, publiée en septembre 2022 dans la revue PLOS ONE, a montré que les chiens étaient capables de lire et d’interpréter nos émotions grâce aux signaux chimique – toujours eux – que nous dégageons par nos odeurs corporelles. Nos toutous adorés auraient la faculté incroyable d’identifier, grâce à nos odeurs, notre niveau de joie, de tristesse, de colère, de stress, et même notre état de santé.

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