Surprise : les vaches polluent beaucoup moins qu’on ne le pensait

Parce qu’elles relâchent du méthane, les vaches ajoutent aux gaz à effet de serre qui menacent la planète. Sauf si les agriculteurs les laissent paître en plein air, là où les sols capturent le CO2. Soudain, leur bilan carbone est positif et les bovins plus heureux...
  • Alors que tout le monde a les yeux braqués sur les émissions de dioxyde de carbone, des scientifiques américains ont hélas fait savoir que ce n’était pas la seule menace planant sur notre climat. LAgence nationale océanique & atmosphérique (NOAA) a indiqué au printemps que les niveaux de méthane dans l’air n’ont jamais été si hauts et qu'ils ont augmenté de façon record en 2021. Or ce gaz à effet de serre (GES) est encore plus nocif pour le climat que le CO2. 

    Selon les scientifiques, il serait responsable de 30 % du réchauffement climatique à lui tout seul. Seul avantage pour nous : sa volatilité. Le méthane ne perdure pas longtemps dans l’air. 

    Bovins = avion à réaction

    D’où vient-il ? Un tiers des émissions de méthane provient des fuites et des rejets des énergies fossiles (charbon, gaz et pétrole) mais un autre tiers découle du secteur agricole et en particulier de l’élevage. Au rang des accusés, on trouve l’usage du fumier et les émissions des rizières ; mais, en premier lieu, ce sont les bovins et ovins qui sont montrés du doigts pour leur ruminations.

    Les herbivores régurgitent leur nourriture pour la remastiquer plusieurs fois, relâchant au passage des rots et pets chargés en méthane. C’est naturel mais pas inoffensif : selon les chercheurs en agronomie de l'INRA une seule vache rejette chaque année l’équivalent carbone de deux allers-retours Paris-New York en avion. En France, le bétail pèse pour 26 millions de tonnes d’équivalent carbone par an. Ce qui a amené certains à une idée aussi surprenante que controversée : taxer les pets des vaches.

    Usual suspe(c)t

    Dans cet archipel, quelque 6,2 millions de vaches et 26 millions de moutons pourraient bientôt être visés par un impôt compensateur que devront verser leurs éleveurs. Le gouvernement espère ainsi réduire l’empreinte carbone imputable au secteur de 20 %.

    Malgré les manifestations que l’annonce a provoqué, la Première ministre Jacinda Ardern envisage de mettre en place cette taxe d’ici 3 ans, laissant le temps aux agriculteurs de changer leur pratiques. Car, si l'on écoute les paysans, toutes les vaches ne polluent pas autant. En particulier si on les respecte et revient à des méthodes responsables...

    C’est peut être un bétail pour vous...

    On parle du pâturage stratégique ou d’élevage régénératif. Il s’agit de restaurer la qualité des sols et sa fertilité en sélectionnant où mener les herbivores. Car, et c’est le principal, on mène les bêtes en plein air. La méthode ne date pas d’hier (le biologiste Allan Savory l’évoque dès 1960) mais la technique est considérée avec bien plus d’attention aujourd’hui.

    On définit des parcelles de pâturage et un plan de rotations pour donner du temps à la nature de se consolider. Echange de bons procédés : en laissant la vache manger de l’herbe, elle la restituera en partie à la terre en déposant sa bouse. Celle-ci servira de ferilisant pour les racines et plants, tandis que le sol absorbera une part du carbone qu’il emprisonnera. Bilan des comptes : une empreinte carbone négative et un bilan, pour le coup, positif.

    En 2020, l’émission Pièces à Conviction avait rencontré un éleveur basque, Félix Noblia qui, en utilisant cette méthode, avait constaté que les vaches relâchaient moins de GES : le cheptel de 120 vaches n’avait émis "que" 60 tonnes d’équivalent CO2.

    Il estimait en outre que les animaux se portaient mieux, nécessitaient moins de soins vétérinaires. Cela avait même réduit ses charges : en remplaçant le fourrage par l’herbe tendre, il avait économisé 20 000 € sur l’exercice. Jackpot. Au fait, qui voulait taxer les élevages industriels qui ne laissent pas les vaches en plein air ? 

    vache

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