2023 M09 28
Une étude publiée cet été dans la revue scientifique PNAS démontre que la bactérie qui répond au doux nom de méthylotuvimicrobium buryatense 5GB1C possède la capacité d'absorber en grande quantité du méthane, l’un des gaz à effet de serre les plus polluants.
C’est en examinant différents germes dits « méthanotrophes » – des micro-organismes qui se développent en utilisant le méthane comme source d’énergie – que les scientifiques sont tombés sur cette bactérie et ses incroyables propriétés : elle serait capable de « manger » le méthane présent autour d’elle puis de le transformer en matière organique. Cette dernière pourrait être utilisée dans certains élevages comme fertilisant. Un cycle circulaire qui pourrait donc éliminer un gaz à effet de serre de l’atmosphère tout en participant à notre agriculture.
« Nous pensons que nous pourrions tester des projets pilotes sur le terrain d’ici trois à quatre ans. La mise à l’échelle de ces projets dépendra ensuite des investissements et de la commercialisation »
Mary Lidstrom, Directrice et co-auteure de cette étude scientifique
Sur le papier, cette bactérie possède donc toutes les qualités de la solution miracle au changement climatique. Mais la réalité n’est pas aussi évidente. D’après les auteurs de l’étude, il faudrait multiplier par 20 nos capacités actuelles de traitement du méthane pour pouvoir cultiver cette bactérie en laboratoire et lui donner un vrai sens au sein d’exploitations agricoles où elle pourrait se nourrir des émissions de méthane du bétail.
Un processus qui nécessite énormément de moyens financiers et plusieurs années de test et d'études en conditions réelles afin de vérifier que ce micro-organisme permet bien de réduire la quantité de méthane présent dans l'atmosphère.
Le méthane, un gaz à effet de serre puissant
À terme, cette découverte permettra peut-être de réduire la pollution au méthane. Pour rappel, il s’agit d’un gaz à effet de serre très puissant, dont le pouvoir réchauffant est environ 30 fois supérieur à celui du CO2 pour une période de 100 ans. C'est principalement l'élevage de bétail qui est responsable des émissions de méthane à travers le monde. Réduire notre consommation de viande permettrait ainsi de réduire la présence de ce gaz à effet de serre.
Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), réduire de près de moitié les émissions de méthane permettrait de faire baisser le réchauffement de 0,28 °C à l’échelle planétaire d’ici à 2050. Lors de la COP26, qui s’est tenue à Glasgow en 2021, plus de 100 pays dont l’Union européenne et les États-Unis se sont engagés à réduire leurs émissions de méthane de 30 % d’ici 2030.